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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/212

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de tout temps à amuser la crédulité publique par des descriptions plus ou moins fantastiques du sombre séjour des morts. Faire justice de toutes ces descriptions enfantées par la superstition ou créées pour elle, les dédaigner, n’en point faire la moindre mention à des hommes qui précisément avaient vécu dans le pays où elles avaient pris le plus de développement, il fallait pour cela une hardiesse peu commune ; surtout, fallait-il qu’on fût bien persuadé du danger qu’elles portaient en elles, pour les avoir laissées dans l’ombre, lorsque toutes les religions, au contraire, s’étaient jetées sur elles non sans avidité et avaient constamment essayé de les mettre dans le plus éclatant relief.

C’est qu’en effet le danger est grand de s’engager dans la voie des recherches relatives à la manière dont nous sommes rémunérés dans l’autre monde. Cette voie présente une pente rapide sur laquelle on glisse inévitablement pour aboutir à la grossière et abrutissante erreur de la démonologie. Nous n’en voudrions pour preuves que les excès où sont tombés à cet égard le Christianisme et le Mahométisme, qui ont voulu lever complètement le voile de la vie future. Non que la Synagogue ait toujours été parfaitement sage sous ce rapport. Elle n’a pas su toujours garder la prudente réserve si bien observée par Moïse. Se développant à travers l’espace et le temps, posant ses assises au milieu de courants d’opinions et d’événements politiques et religieux, souvent en opposition les unes avec les autres, la Synagogue a quelquefois subi forcément leur influence. Tout dans le Pentateuque est et sera toujours invariable ; le Pentateuque étant donné par Dieu même, il est naturel qu’il ne s’y trouve rien que l’on doive à l’acquisition du temps ; encore moins y rencontre-t-on jamais une idée qui soit un pur fruit de l’imagination, c’est-à-dire possédant l’enflure et le caractère peu positif de tout ce qui vient de l’imagination.