Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/213

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La Synagogue, elle, bien qu’ayant toujours cherché à rester fidèle au Pentateuque, ne pourrait cependant pas revendiquer une semblable pureté. Seulement, elle a eu constamment soin de donner les produits de l’imagination pour ce qu’ils étaient, ne les présentant pas pour de la monnaie de bon aloi, et ne s’efforçant pas de les élever à la hauteur d’un point de doctrine. Par exemple, le Talmudisme a certainement donné dans toutes sortes d’écarts d’imagination, mais en s’y abandonnant, il n’a jamais présenté les fruits qui lui venaient de ce côté comme des articles de foi. Il a tout enregistré, cela est vrai, mais il a eu le grand sens de ne pas tout contrôler et de ne pas apposer son sceau indistinctement à tout. Là où est le malheur, c’est qu’avec le temps, différents systèmes religieux se soient fondés qui, précisément, ont pris de la Synagogue ce qu’il s’y trouvait d’exotique et d’étranger à une bonne inspiration biblique, pour s’en faire une base et pour l’ériger en croyances sacrées et inviolables. C’est ainsi que la Kabbale et simultanément avec elle le Christianisme et le Mahométisme ont enregistré comme véridique tout ce que, aux diverses époques qui ont présidé successivement à la formation graduelle de la Synagogue, cette dernière avait imaginé sur la vie future sans y attacher jamais d’autre valeur que celle que possède la figure dans le langage poétique. Ç’a été une grande méprise et une méprise d’autant plus funeste, qu’à sa faveur se sont introduites dans le monde de sombres superstitions, dont malheureusement les sociétés actuelles portent encore plus d’une trace.

Ces réserves faites, voyons à quoi peuvent aboutir des assertions inconsidérées sur les événements probables de la vie future, de laquelle, nous persistons à le croire, Dieu a sagement agi de nous refuser le secret. Chaque danger que nous signalerons deviendra un appui à notre thèse, et achèvera de montrer