Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/221

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la Synagogue, a produit tous ces sombres tableaux surchargés de figures de diables et d’esprits malins que les doctrines chrétiennes et musulmanes n’ont pas jusqu’aujourd’hui cessé un instant d’offrir à leurs fidèles. Lorsqu’on accepte comme croyance dogmatique ce qui, dans le Judaïsme, n’a jamais été donné pour telle, à savoir : l’existence de l’enfer avec son attirail de fournaise, de flammes, de marmites bouillantes ; avec ses chefs préposés à la distribution des tortures les plus atroces qui sont tenues en réserve comme dans un magasin ; lorsqu’on croit à cela, comment ne pas arriver, de conséquence en conséquence, à croire également que cet enfer forme un royaume à part, au service duquel se mettent des légions d’esprits, dont toute l’activité est sans cesse tournée vers le moyen de lui amener le plus de victimes possibles ? Et quand une fois on en est venu à croire à l’existence d’une armée de démons, on ne se ménage pas de les recruter de tous les côtés ; on les fait tout aussi bien sortir, complètement armés, du génie du mal, comme Minerve est sortie du cerveau de Jupiter, qu’on leur assigne pour origine les mauvaises actions, les rêves lascifs des hommes, et finalement on arrive toujours par voir en eux les personnifications de ces âmes coupables qui, ne pouvant arriver à expier complètement leurs fautes, s’enrôlent au service du dieu infernal dont elles sont devenues la propriété.

Quoi qu’il en soit de la source d’où le Christianisme et le Mahométisme font sortir les démons, toujours est-il qu’il ne mettent point en doute leur existence ! Si l’on nous demandait d’en produire des attestations, nous citerions pour le premier, ce que les Évangiles racontent de la tentation de Jésus, lequel fut successivement provoqué par le diable, d’abord dans le désert, puis sur le haut du Temple, enfin sur une montagne