Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/222

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fort élevée[1] ; nous citerions encore les guérisons que le fils de Marie se flattait d’avoir opérées, ici sur un démoniaque, là sur des lunatiques ; et encore nous citerions cette parole si solennellement prononcée par lui : « Esprit muet et sourd, esprit immonde, je te commande, moi, de sortir de cet homme et ne reste plus en lui ![2] » ; enfin nous citerions cette autre parole non moins catégorique : « Ne fallait-il pas affranchir de ce lien cette fille d’Abraham que Satan tenait liée depuis dix-huit ans[3]. »

Quant au Coran, on sait que tantôt on y représente Abraham poursuivi par Satan, tenté par lui et parvenant à le chasser à coups de pierres, ce qui, par parenthèse, lui fit donner le surnom de lapidé ; que tantôt on y montre Eblis, le génie révolté et le père de tous les génies qui peuplent l’enfer, osant déclarer au Seigneur que, puisqu’il l’a circonvenu, il complotera contre les hommes de la terre et cherchera à les circonvenir pareillement ; que tantôt enfin on y raconte que Dieu lui-même a attaché aux pas des hommes les tentations, les démons, les suppôts de Satan, compagnons inséparables qui embellissent tout à leurs yeux[4].

Et dire que toutes ces extravagances, toutes ces aberrations capables d’égarer l’esprit, de surexciter les mauvaises passions du cœur, de fausser le sens même de la vertu non moins que le caractère de la vraie pitié, sont le résultat de la témérité qu’ont eue les hommes de vouloir découvrir les mystères de l’immortalité ! Que le Pentateuque est donc admirable dans la discrétion montrée par lui, sur un point qui a déjà tant servi à défrayer la crédulité humaine ! Si çà et là quelques écrivains sacrés se sont départis tant soit peu de cette prudente réserve, et si,

  1. Math., chap. IV, v. 1, 5, 8.
  2. Marc, chap. IX. v. 25.
  3. Luc, chap. XIII, v. 7.
  4. Coran, chap. XV, chap. III et chap. XLI.