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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/241

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laire, voilà donc ce qui a fait entrer dans le Christianisme et dans le Mahométisme le dogme désolant de l’éternité des peines. Ah ! que de maux eussent été épargnés à l’humanité si, plus courageuses et mieux avisées, les deux religions avaient rejeté ce dogme comme impur, comme indigne de figurer parmi les fleurs qu’elles cueillaient dans le champ de la Bible, comme attentatoire à un des plus nobles attributs de Dieu, sa bonté, qu’elles savaient cependant toutes deux si bien apprécier ! Car, quelles n’ont pas été ces calamités dont ce funeste dogme a inondé la terre ? C’est lui qui a attisé le fanatisme, qui a promené parmi les sociétés la torche des persécutions religieuses, qui a fait, pendant des siècles, d’une bonne partie des hommes, une horrible boucherie, et a donné lieu à ces abominables immolations d’hécatombes humaines en l’honneur d’un Dieu, d’un Dieu qu’on supposait implacable pour ceux qui ne l’adoraient pas, d’une certaine façon plutôt que d’une autre. Ne s’était-on pas acharné sur ces malheureuses victimes avec d’autant moins de pitié, qu’on les savait toutes par avance vouées à la damnation éternelle ? Vous voir damné à jamais, entendre dire de vous que vous êtes « un serviteur inutile, propre à être jeté, pieds et poings liés, dans les ténèbres extérieures ; ne plus pouvoir espérer aucun salut et vous voir voué éternellement aux pleurs » et aux grincements de dents[1] », cela ne vous expose-t-il pas à tout de la part d’une foule ignorante et fanatique ? Et qu’est-ce, par exemple, qui arrêterait rage dévote d’un musulman en présence d’un incrédule duquel Mahomet a dit positivement que puisqu’il traitait ses signes de mensonge, il serait livré au feu » et aux flammes de l’enfer[2] ».

Avouons que le Judaïsme a mieux compris son rôle humani-

  1. Math., chap. XXII, v. 13, et chap. XXV, v. 30. Luc, chap. XIV, v. 28.
  2. Coran, chap. V II et L.