Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/255

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est devenu article de fervente croyance dans la Synagogue, dans l’Église et dans la Mosquée. Moïse et les prophètes d’une part, Jésus de l’autre, et Mahomet en dernier, ont tour à tour parlé de la réalisation du grand jour[1]. Cependant si tous parlent de l’avènement de la résurrection, il existe chez eux quelques divergences sur la manière dont ils en ont présenté respectivement les résultats. Et voici comment. Dans la Synagogue on enseigne que le moment de la résurrection suivra de près l’arrivée du Messie. C’est pour goûter les nouvelles joies, les nouvelles facilités d’existence amenées par l’époque messianique que les morts doivent se réveiller et sortir de leurs tombeaux. « Le corps retrouvera alors tout l’éclat de sa jeunesse et de sa beauté, jouissant d’une béatitude idéale ; la terre lui versera en abondance ses dons les plus riches ; le droit et la justice y règneront. Ce sera la bienheureuse époque de la paix universelle. Le loup demeurera avec l’agneau ; la panthère est couchée auprès du lion et se laissera conduire par un enfant ; le nourrisson à la mamelle joue dans la caverne de la vipère, et l’enfant sevré étend sa petite main vers l’antre du basilic[2]. »

Ainsi, ces paroles d’Isaïe décrivant l’époque messianique, sont présentées par la Synagogue comme décrivant les suites immédiates de la résurrection. Celle-ci coïncidera donc bien avec l’autre. Or, la venue de Jésus, pas plus que celle de Mahomet, n’ayant amené la résurrection si positivement annoncée dans les livres saints, on se trouva forcé d’en reculer l’avènement jusqu’à la fin du monde. Et c’est de cette façon que, dans l’Église comme dans la Mosquée, naquit la croyance qui

  1. Comparez avec les citations bibliques faites par nous, ce qui se trouve dans Mathieu, chap. XXIV, Luc, chap. XXI, et le Coran, chap. XCIX, chap. L et chap. LXXVI.
  2. Voir Immortalité de l’âme chez les Juifs, traduction Isidore Cahen, p. 61.