Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/267

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sa bannière religieuse. A notre avis, cette correspondance n’existe pas, et nous mettrons ici encore le lecteur en mesure d’examiner et de prononcer. Nous exposerons successivement les différents devoirs que l’homme a à remplir, et chacune des trois religions sera tour à tour interrogée par nous sur l’accord où se trouve son dogme avec la morale pratique universelle. Les devoirs envers Dieu primant tous les autres, c’est par eux que nous commençons. Comment le Judaïsme a-t-il compris cette sorte de devoirs ? Les deux religions venues après lui ont-elles sous ce rapport mieux fait que lui ? Leurs enseignements dogmatiques sont-ils de nature à jeter quelque nouvelle lumière sur les devoirs de l’homme envers Dieu, ou bien tendraient-ils peut-être à en déranger quelque peu l’assiette, à en obscurcir quelque peu la clarté ? C’est dans cet ordre d’idées que nous allons nous mouvoir.

Le Pentateuque formule avec une admirable précision les devoirs de l’homme envers Dieu. Il dit en s’adressant au peuple hébreu par l’organe de Moïse : « Que demande de vous l’Éternel votre Dieu ? Que vous le craigniez, que vous marchiez dans ses voies, que vous l’aimiez et que vous le serviez de tout votre cœur et de toute votre âme ». Sans doute, marcher dans les voies du Seigneur, c’est la clef de tous les commandements, c’est le pivot de la morale. Dieu étant le bien, et le bien étant la loi morale, imiter Dieu, devenir saint comme lui, c’est évidemment répandre sur toutes nos actions un frais parfum de moralité. Mais en faisant ainsi, ce serait essentiellement envers notre prochain et envers nous-mêmes que nous nous acquitterions. Au fond, nous servirions encore Dieu, car rien ne saurait lui être aussi agréable que la pratique de la charité et de la justice. Mais ce que nous voulons maintenant, c’est quelque chose de plus direct ; nous voulons que l’homme soit soumis