Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/268

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et reconnaissant envers Dieu, comme étant Celui auquel il doit la vie et tous les bienfaits dont cette vie est parsemée. Nous voulons, ainsi que le dit Moïse, que l’homme craigne Dieu, qu’il l’aime et qu’il lui rende un culte[1]. Plus tard nous dirons la façon dont l’accomplissement préalable de cette espèce de devoirs prépare nos cœurs à un sincère attachement à toutes les autres.

§ I
CRAINTE DE DIEU

Craindre Dieu, voilà donc notre premier devoir. Dans quel sentiment le Judaïsme veut-il que cette crainte prenne sa source ? Serait-ce dans un sentiment de terreur que nous inspirerait l’idée d’un Dieu tout-puissant qui peut nous arracher la vie pour nous punir de notre infidélité et briser toutes les grandeurs qui flattent notre orgueil ? Mais ce serait là la crainte de l’esclave vis-à-vis du maître, ce serait la crainte du châtiment, cette crainte qui avait fait trembler autrefois les rois et les peuples idolâtres, lorsque le Seigneur eut lancé au fond de l’abîme le superbe Pharaon et sa nation impie ! Serait-ce aussi craindre Dieu que de se laisser gagner d’une mortelle frayeur en pensant à sa sévère et inflexible justice ? Mais cette crainte, c’est celle du méchant qui n’a plus rien à attendre de la bonté divine ; c’est celle du meurtrier que tout effraie, qui s’agite et se trouble au moindre bruit, que le mouvement d’une feuille fait trembler et qui croit voir dans le déchaînement du vent ou dans le retentissement du tonnerre les signes précurseurs de sa prochaine mort, de cette mort qu’il redoute tant, puisqu’elle l’appelle devant le trône du souverain Juge !

  1. Deut., chap X, v. 12.