Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/27

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Abraham ne reçut qu’une seule loi positive : la circoncision ; encore n’était-elle qu’un signe, qu’une marque de l’alliance que Dieu avait contractée avec lui.

Noé n’avait reçu que des lois négatives qui, à proprement parler, n’étaient que les défenses de la loi naturelle[1].

Quand Moïse paraît, un nouveau chemin est tracé. Dieu devient le modèle éternellement vivant de toute sainteté, de toute vertu, et l’accomplissement de sa Loi donnée sur le Sinaï, le meilleur moyen d’imitation de ce sublime modèle. Ce n’est plus seulement de connaissance et d’adoration contemplative de Dieu qu’il s’agit ; un nouveau caractère de la Divinité est révélé ; elle veut devenir le but final des aspirations de l’homme, qui devra avoir à cœur de se rendre, par la pratique des bonnes œuvres, pur et saint comme le principe dont il émane.

Voilà à quels traits distinctifs se reconnaît la révélation mosaïque parmi les révélations qui l’ont précédée aux temps d’Abraham et de Noé. Et ce trait est clair, visible, se détachant de la doctrine comme se détache du soleil un rayon de lumière. La même clarté, la même netteté, se montrent-elles dans le caractère prêté au Christianisme par ceux qui le considèrent comme une révélation nouvelle par rapport au Judaïsme ? Loin qu’elles s’y rencontrent, on ne s’accorde même pas sur la nature de ce caractère. On sent bien qu’il devrait exister sous peine de voir toute base solide manquer à la doctrine chrétienne, et toute condition de durée dans l’avenir lui faire complètement défaut ; on le cherche partout, ce caractère particulier ; on compare, à cet effet, les enseignements de la Bible avec ceux des Évangiles ; on examine les fruits produits des

  1. Savoir défense du blasphème, défense du culte des divinités païennes, défense du meurtre, défense d’enlever à quelqu’un ce qui lui appartient, défense de manger la viande et de boire le sang d’un animal vivant, défense de braver l’autorité de la justice, défense de l’adultère. Voir Kozari, livre III, 273.