Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/294

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ner de temps en temps leur esprit et leur cœur vers le Dieu qu’elle proclame et qu’elle prescrit d’adorer ; c’est le culte extérieur. A ce dernier point de vue, le culte, comme on l’a sensément remarqué[1], n’est rien autre chose que le symbole de la doctrine ; ce qui veut dire qu’il se mesurera toujours exactement à la hauteur de la doctrine dont il est l’expression ; qu’il se distinguera en pureté et en élévation si la doctrine est pure et élevée, et qu’il sera exempt de toute cérémonie superstitieuse dans le cœur où la doctrine elle-même est parvenue à se dégager de toute superstition. Nous voici tout de suite amené à rechercher le caractère qu’il a pu revêtir dans les religions chrétiennes et musulmanes. Nous ferons voir après ce qu’il est dans le Judaïsme.

Il va sans dire que notre respect tout entier est acquis d’avance à toutes les pratiques de dévotion par lesquelles ceux qui se trouvent en dehors de la communion juive, croient devoir honorer le Dieu un et éternel. Nous savons que toutes ces pratiques sont des hommages adressés à l’Être suprême. Nul doute à concevoir sur leur portée qui va jusqu’à mettre en présence de Dieu le fidèle qui les pratique. Mais si la fin pour laquelle elles ont été instituées est vraiment sainte et sacrée, la source d’où quelques-unes d’entre elles sont tirées l’est-elle également ? Était-il impossible que le Christianisme et l’Islamisme qui sont allés s’offrir aux païens avec un extrême abandon, leur eussent laissé quelques-unes des cérémonies qui leur étaient chères, afin de ne pas trop les brusquer dans des habitudes qui avaient la consécration des siècles ? Pourquoi l’apôtre Paul[2], par exemple, qui, devant les Galates, prêchait ouvertement l’inutilité et la complète indifférence des

  1. Palestine de Munk, page 150 b.
  2. Épître aux Galates.