autre. Ni la vertu ni le vice ne marchent seuls ; ils ont chacun leur cortège.
D’ailleurs, si nous osons nous servir de cette comparaison, comment s’y prendrait-on pour rappeler un coupable au devoir, pour lui inspirer des sentiments meilleurs, pour le remettre dans le droit chemin ? De quoi lui parlera-t-on en premier lieu ? De sa propre dignité, de l’opprobre et de l’infamie attachées aux actes honteux par lesquels on asservit l’âme aux passions du corps. On lui fera comprendre que noblesse oblige, et qu’il lui est défendu de profaner les riches et précieux dons qu’il doit à la munificence du Créateur. Avec quelle promptitude il franchira ensuite l’espace qui le sépare du prochain ! Il ne sera pas longtemps à se persuader que, comme lui, personnellement, ne doit se priver d’aucun moyen de travailler à l’accomplissement de son devoir, de même il faut qu’il laisse à son prochain la liberté des moyens pour l’accomplir à son tour, et c’est ainsi que sa personne lui deviendra sacrée. Or, l’adolescent, s’il est aussi dépourvu de vertus que le criminel qui vient de nous servir de point de comparaison, a, du moins, sur lui l’immense avantage de posséder une âme tendre et flexible, une âme vierge et non encore flétrie par le vice. Quoi donc de plus facile que d’y jeter les semences d’une saine morale, en l’éclairant de bonne heure sur le respect qu’il se doit à lui-même ? Fécondées plus tard par le sentiment de la charité et de l’amour fraternel, ces semences germeront, pousseront des racines, grandiront et porteront de beaux fruits qui pourront devenir la manne nourrissante du corps social. Universellement reconnus, le respect du droit en soi-même et l’accomplissement des devoirs qui y correspondent engendrent la soumission et l’obéissance à la loi morale, et sont les plus sûrs garants de la pureté des mœurs.
Mais quels sont les devoirs de l’homme envers lui-même ?