de son sein. Ainsi le christianisme qui s’est écarté peu à peu de la pure unité de Dieu, s’est étendu, comme pour faire contrepoids à son écart, avec d’autant plus de minutie et de recherche sur l’immatérialité du Créateur ; et, de son côté, le Mahométisme a, par le même moyen, combattu l’idolâtrie, dont il a surtout réussi à ébranler et à ruiner l’empire en opposant à l’inanité des dieux matériels la plénitude d’être, de puissance d’activité propre au Dieu esprit qui a appelé l’univers à l’existence. Mais procédons avec ordre.
Ce ne fut pas Moïse qui, le premier, importa dans le monde et y promulgua la croyance à l’Unité de Dieu. Souvent, bien souvent avant lui, elle avait été enseignée aux mortels, mais sans qu’elle pût jamais être solidement implantée dans leur cœur. Après le déluge, par exemple, pouvait-on douter de l’existence d’un être suprême, unique, seul grand et puissant, qui tient dans ses mains la vie de toutes les créatures, et qui sait les élever ou les abaisser, les conserver ou les anéantir comme il lui plaît ? Jamais manifestation plus grande de son éternelle et incorruptible justice avait-elle éclaté sur la terre, et n’aurait-on pas cru que les descendants de Noé dussent en conserver un souvenir ineffaçable, en même temps qu’ils se pénétreraient d’une inaltérable crainte pour celui qui savait ainsi châtier l’orgueil et la méchanceté des hommes ? Et cependant, à peine trois cents ans sont-ils écoulés, que, par une témérité inouïe, ils essayent de lutter contre le Très-Haut et se promettent, sous la protection sans doute de nouveaux dieux, de dieux récemment inventés par eux, de trouver dans une tour élevée jusqu’au ciel un refuge contre la colère du Dieu unique. Le Seigneur apparaît une seconde fois, confond leur audace en même temps que leur langage et les disperse aux quatre coins du globe.