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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/396

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ment. Du moins le Judaïsme l’affirme-t-il ainsi, et ne néglige-t-il rien pour les maintenir toutes au niveau les unes des autres.

Le fondement du mariage ne réside pas, selon lui, dans la satisfaction des sens, mais dans celle du besoin qu’éprouve notre âme de se donner, de se lier à une autre âme pour se compléter pour ainsi dire par elle, et pour y puiser des éléments de bonheur qu’elle ne saurait trouver dans son propre sein. « Il » n’est pas bon que l’homme soit seul[1] », avait dit le Pentateuque : c’est parce que, vivant isolés, nous nous sentons comme perdus et égarés dans le grand désert de la vie humaine, que nous cherchons à nous attacher à un être que nous savons capable de répandre un charme puissant sur notre existence. Les rabbins ajoutent : « L’homme et la femme qui vivent séparément, descendent du rang distingué qui leur est assigné dans l’œuvre de la création[2]. » Ils forment ensemble un seul tout ; ce sont deux parties d’un même être qui ont besoin de se rapprocher, de s’unir, de se confondre pour marcher à leur but. Dès lors il se comprend qu’ils doivent vivre dans une union tellement étroite, que leurs cœurs s’épanouissent aux mêmes plaisirs, se nourrissent des mêmes espérances, s’attristent des mêmes déceptions, des mêmes douleurs ; qu’en se donnant l’un à l’autre, ils doivent mettre en commun toutes les puissances, toutes les facultés de leur âme, faire un échange loyal de leurs sentiments et de leurs pensées, substituer à l’inégalité matérielle et physique qui se trouve entre eux, l’égalité morale ; qu’en ce jour solennel où, devant l’autel sacré, l’époux reçoit de l’épouse sa première promesse de fidélité, il doit lui jurer en retour une amitié constante et inébranlable, s’engager à partager avec elle les avantages de la vie et non à

  1. Genèse, chap. 11.
  2. Talmud, traité Pesachim, p. 113.