Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/404

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passant le suc pour s’en retourner dans leurs foyers. Comment se comportera donc l’enfant devenu homme dans toutes ces diverses situations que peut lui créer le contact de tant d’individus différents, avec leur manière de penser et d’agir, tantôt en accord, tantôt en désaccord avec la sienne ?

C’est bien ici que l’éducation de la famille se fait sentir avec ses fruits bons ou mauvais, selon qu’elle aura été bien ou mal dirigée. En effet, si le père a toujours su se montrer à la hauteur de son devoir, le fils aura appris à vivre d’une vie de dévouement et de sacrifice, n’estimant rien tant que la constance et le désintéressement dans le travail, la justice et l’équité dans les transactions, la tolérance, le respect et l’affabilité dans ses rapports sociaux. Par sa mère, il aura su s’embellir de qualités sinon plus nécessaires et plus estimables, du moins plus délicates et plus attrayantes. Si la mère a été une épouse fidèle et chaste, elle aura pu donner à l’enfant qu’elle a élevé cette retenue et cette décence qui, transportées dans les manières, dans les actions et dans les paroles, répandent sur l’ensemble des qualités acquises un charme inexprimable. Si la mère a su lui inspirer cette délicatesse de sentiment dont elle est elle-même douée, l’enfant saura toujours s’élever au-dessus des plaisirs comme des misères du monde pour se complaire plutôt dans les beautés de la nature et la contemplation de la vérité, que dans la possession des richesses qui mènent si facilement à l’orgueil, à la fatuité, à la morgue ; si sa mère a su lui mettre de la sensibilité au cœur, il jouira de toutes ces délices que procurent la compassion éprouvée pour les pauvres et la charité distribuée sans bruit et sans vanité ; si, enfin, elle a pu lui donner ces belles vertus qu’on nomme le calme et la patience, il se sentira certainement toujours armé, comme d’une triple cuirasse, contre l’infortune, contre l’intrigue, contre la méchanceté des hommes