Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/411

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de nous de charitables intentions[1] », ce sont encore là quelques-uns de leurs aphorismes favoris. Et à celui qui agit de la sorte, ils promettent les plus belles récompenses. « Un jour, racontent-ils, un Galiléen s’était engagé au service d’un Jérusalémite. Après trois années de travail, il se disposa à rentrer dans sa famille et il demanda le salaire de son travail. C’était de l’argent qu’il devait recevoir. Le maître s’excusa de ne pouvoir lui en donner sur le moment. Eh bien ! dit le domestique, donnez-moi en échange des fruits, ou une de vos nombreuses pièces de terre ou bête de somme, ou tout au moins quelque meuble. Tout lui fut refusé. Las d’avoir si longtemps et si inutilement insisté, le serviteur s’en retourna tristement rejoindre ses pénates, aussi pauvre qu’il était quand il les quitta la première fois. Quelque temps après, le propriétaire muni de l’argent du salaire, et ayant encore sur lui de nombreux cadeaux, prit le chemin de la Galilée. Et quand il eut payé sa dette, il dit, à l’honnête ouvrier : Qu’aviez-vous donc pensé de mon refus obstiné ? — Mais je supposais véritablement que, malgré vos apparentes richesses, vous ne possédiez plus rien, ainsi que vous sembliez me le faire entendre. — Et vous ne vous étiez, mon ami, nullement trompé. J’avais consacré effectivement à Dieu tout mon avoir pour lui demander d’inspirer à mon fils Hyrcan le goût des études sacrées. Depuis votre départ je me suis fait relever de mon vœu, et puisque vous n’aviez pas suspecté mes intentions, que le Seigneur veuille aussi vous être favorable au jour du jugement[2]. »

Si nous voulions encore parler du respect que l’on doit témoigner au vieillard, au savant même très jeune, au maître qui

  1. Pirké Aboth, chap. I.
  2. Talmud, traité Schabbat. p. 127.