le blé dans l’aire[1], ou d’atteler à un même joug l’âne et le bœuf qui ont le pas inégal[2] ? Ce n’est pas ici de traitements cruels qu’il s’agit. Comment eussent-ils seulement pu être exercés en présence de recommandations aussi sérieuses que les suivantes faites par la Synagogue : « De ne jamais se disposer à prendre un repas avant d’avoir donné à manger au bétail[3], et de courir au-devant d’un animal qui menace de succomber sous sa charge, pour l’aider à l’en débarrasser au plus vite[4]. » Agir ainsi, c’était une des vertus qui distinguait les hommes réputés les plus pieux en Israël, car, ajoute le Talmud, « voir souffrir un animal et y demeurer insensible, est un péché défendu par la Thorah[5] » ; « l’exposer à un danger inutile ou à une souffrance physique que rien ne rend nécessaire, en est un autre[6]. »
Cela dit, voyons comment la doctrine israélite comprend et l’amour et le devoir envers l’Humanité. Et d’abord, quand sont proclamés, dans le Décalogue, les grands principes de la morale universelle ; quand ces lois négatives « tu ne tueras pas, tu ne » voleras pas, tu ne rendras pas de faux témoignage, tu ne » convoiteras pas… » sont formulés, marque-t-on à Israël les personnes ou les peuples envers lesquels il aura à les observer. Ce sont là toutes de grandes lois qui ne sont ni appropriées à un pays spécial, ni mesurées à un peuple particulier ; ce sont les lois par lesquelles l’Humanité se régit et se conserve ; elles sont les conditions de son existence, de sa durée, nous ne voulons même pas encore dire de sa prospérité sur la terre. Sans la défense de l’homicide, du vol, du faux témoignage, de la mauvaise convoitise, défense s’étendant à toutes les nations, à