Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/439

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toutes les sociétés, à tous les hommes sur quelque partie du globe qu’ils se trouvent répandus, est-ce que le genre Humain pourrait seulement subsister le temps nécessaire pour réfléchir à ce qui serait le meilleur moyen d’atteindre la félicité dans ce monde ? Le Pentateuque a si bien compris cela que lorsqu’il parle de ces lois générales, il se hâte de déclarer qu’elles ne regardent pas Israël seul, Israël confiné dans la Palestine, mais tous les hommes. Au lieu de dire alors : Tu observeras cette loi parce qu’elle est ton principe d’existence, l’instrument de ta tranquillité, de ta prospérité, de ton bonheur dans le pays que tu habites, le moyen de ta conservation à travers les siècles et toutes les vicissitudes d’ici-bas, il dit simplement en généra- lisant : « Vous observerez mes préceptes et mes commandements dont la pratique fait la vie de l’homme. C’est moi l’Éternel qui le dit[1]. » On a bien lu : La vie de l’homme et non la vie d’Israël seul, le bonheur de l’Humanité et non le bonheur de la maison de Jacob en particulier, et, comme Israël n’a été appelé au bénéfice de la révélation sinaïque que pour aider à faire de cette révélation la coupe de salut de l’Humanité entière, c’est à tous les hommes sans distinction qu’il doit la présenter, en commençant par pratiquer lui-même, envers eux, tous les préceptes bibliques. Écoutez, sur ce fécond verset du Lévitique, les commentaires des Rabbins. Ils sont unanimes à l’interpréter dans le sens large que nous venons d’indiquer. Leurs paroles méritent d’être citées textuellement et intégralement : « Rabbi Méir dit : D’où ressort-il que même un païen qui s’occupe de la Thorah doit être considéré à l’égal d’un Grand-Prêtre ? C’est qu’il est écrit : Vous observerez mes préceptes et mes commandements dont la pratique fait la conservation de l’homme. Il n’est pas écrit : dont la pratique fait la con-

  1. Lévitique, ch. XVIII, v. 5.