Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/441

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Ces citations ne prouvent-elles pas avec la dernière évidence, que l’Humanité est l’échelon le plus élevé où le Judaïsme veut mener ses fidèles dans l’accomplissement du devoir envers le prochain, après le leur avoir fait déjà accomplir dans le cercle plus étroit de la patrie et de la famille ? Frères consanguins, citoyens d’un même État, ou simplement hommes, en qualité de membres de la grande famille humaine, la doctrine israélite connaît et admet parfaitement ces trois dénominations, mais elle se garde bien d’y rattacher trois sortes de devoirs différents les uns des autres et se primant réciproquement. S’il existe des obligations qui peuvent être plus étroites suivant qu’il s’agit de la famille, de la patrie ou de l’humanité, il n’en est pourtant pas qui ne possède le caractère sacré inhérent à tout devoir. Donc, quand le Judaïsme dit : « Honore ton père et ta mère ; contribue à la paix, au bonheur de la patrie », il ne réclame pas pour ces deux devoirs une obéissance plus catégorique que pour ceux qu’il formule en faveur de tous les hommes en général. Toute la seconde partie du Décalogue a trait évidemment à cette dernière classe de devoirs, et nous ne sachions pas que jamais les quatre commandements qui terminent le Décalogue, aient été présentés par quelqu’un comme n’impliquant pas la même obligation que le commandement envers les parents qui le précède immédiatement. Jésus même, que nous avons vu tant travaillé du désir de prêcher une morale supérieure à celle de la Synagogue, s’incline devant le caractère d’universalité et d’obligation absolue qui s’attache à ces quatre derniers des dix Commandements. Il essaie bien, et encore une fois fort injustement selon nous, de les rapetisser par cette formule quelque peu dédaigneuse : « Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens…… »

Mais, en définitive, que vient Jésus annoncer de plus ? Écou-