de considérer comme étant notre prochain même celui qui aurait été notre ennemi et non plus seulement un homme indifférent à nos douleurs et à notre situation malheureuse ! Le fait que Jésus ou Luc imagine si complaisamment aurait pu arriver à un hébreu devant lequel un païen, dur par nature comme par fanatisme religieux, aurait pu passer impassible, froid et dédaigneux. Et alors, suivant la morale évangélique, ce païen n’eût plus été le prochain de l’hébreu qui n’eût plus eu aucun devoir d’humanité à remplir envers lui ! Et cependant Abraham prie pour les habitants de Sodome, parmi lesquels assurément se sont trouvés des hommes pour le moins aussi durs que le furent le sacrificateur et le lévite supposés ! Et cependant Salomon trouve des accents inimitables lors de la dédicace du Temple de Jérusalem quand, à genoux devant l’Éternel, il lui demande de ne jamais se détourner de la prière du Nochri, du païen : « Dieu ! exauce-le du ciel, du haut de ton trône ; fais selon sa demande ! » Et cependant Isaïe appelle ce même Temple le lieu de prière de tous les peuples de la terre, de ces peuples dont Jérémie, tout idolâtres qu’ils étaient, a aimé de s’intituler le prophète, et vers lesquels, dans leur paganisme bien épais et bien coupable, Jonas néanmoins se dirige, sur l’ordre de Dieu, pour les appeler au repentir, à la pénitence, et les sauver d’une mort assurée, s’ils ne reviennent pas vers l’Éternel !
C’est que dans le Judaïsme, le pécheur n’est jamais un réprouvé. Hâtons-nous de constater qu’à ce dernier point de vue, la doctrine chrétienne est en parfait accord avec la doctrine juive. Ici, point de prétention de supériorité sur l’enseignement de la Synagogue. Ce sont, dans le Judaïsme et dans le Christianisme, les mêmes mots et presque les mêmes figures qu’on emploie. Quant à Mahomet, qui défend formellement de prier