d’écarter la corporéité et d’éloigner de Dieu l’assimilation (aux créatures) et les passions, c’est là une chose sur laquelle il faut s’exprimer clairement, qu’il faut expliquer à chacun selon ses facultés et son intelligence et enseigner comme tradition aux enfants, aux femmes, aux hommes simples, et à ceux qui manquent de dispositions naturelles ; de même qu’ils apprennent par tradition que Dieu est un, éternel, et qu’il n’en faut point adorer d’autre que lui. En effet, il n’y a unité que lorsque l’on écarte la corporéité, car le corps n’est point un, mais au contraire composé de matière et de forme qui, par leur définition, font deux, et il est divisible et susceptible d’être partagé[1]. » Conformément à cette opinion fort judicieuse, Maïmonide range la croyance à l’immatérialité de Dieu au nombre des treize articles de la foi israélite.
Mais avant ce profond et savant théologien, une des plus grandes gloires certainement que possède la Synagogue, celle-ci avait déjà vu dans la croyance à l’immatérialité de Dieu, le privilège même de la conservation du Judaïsme. Et en cela elle ne s’était pas trompée. L’histoire est là pour attester que lorsque tout pliait le genou devant les ravissantes déesses et les dieux voluptueux de l’Attique, lorsqu’un Socrate, un Platon, un Aristote assistaient, avec la plus sérieuse gravité, aux ridicules cérémonies qui se faisaient en l’honneur des divinités de leur pays, l’habitant de la Palestine le moins instruit, s’inclinait pieusement devant le Dieu invisible. Et quand les successeurs d’Alexandre surent trouver le chemin de la Judée et qu’ils apportèrent sur les pas du grand conquérant, dans la sainte ville de Jérusalem, toutes les séductions et tous les plaisirs faciles du paganisme grec, Israël sut encore y résister, grâce au
- ↑ Page 132 de la traduction de Munk.