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CHAPITRE III

DIEU JUSTE ET BON


Nous revenons pour un instant sur le chapitre précédent dans le but d’éclaircir un point que les contempteurs du Judaïsme ont réussi à obscurcir dans l’esprit de bien des hommes sérieux. Nous sommes fâché de le dire, mais pour la plus grande gloire du Christianisme dont on a essayé, depuis son berceau, d’établir l’originalité vis-à-vis de la doctrine juive, on s’est plus d’une fois attaché à défigurer celle-ci. On comprend que nous ne puissions nous taire sur de semblables injustices. D’ailleurs, montrer que le Judaïsme a enseigné ce que l’on prétend qu’il n’a pas enseigné, n’est-ce pas encore prouver que, de tout temps, il a été la source où ont largement puisé les croyances qui sont venues après lui, et qui ont prétendu le surpasser en ne faisant que l’imiter ou, pour mieux dire, le copier ? Or, en exposant tout à l’heure le dogme biblique de la spiritualité de Dieu avec ses conséquences les plus immédiates et les plus naturelles, nous étions sans cesse préoccupé du reproche si souvent fait au Pentateuque d’avoir localisé Dieu, d’en avoir fait le Dieu d’une nation spéciale, le Dieu d’Israël. Si ce reproche était fondé, l’immatérialité de Dieu ne serait plus qu’un mot vide de sens ; nous nous serions attaché à une ombre ; c’en serait fait de ce spiritualisme que nous revendiquions pour la religion juive, et il ne resterait plus à la Bible qu’à céder le