Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/82

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ébranler la terre pour nous ensevelir dans ses abîmes ; ce Dieu qui soutient dans l’air les oiseaux déployant ou resserrant leurs ailes ; ce Dieu, en dehors duquel personne ne pourrait nous nourrir, s’il lui plaisait de suspendre ses bienfaits à notre égard[1] », n’est-il pas le Dieu annoncé et magnifiquement célébré par l’auteur du livre de Job ? De même, quand Jésus s’adressant au peuple : « Ne soyez pas en souci, disant : Que mangerons-nous, que boirons-nous ? Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent et votre Père céleste les nourrit[2] » ; et quand Mahomet enseigne que « le plus vil des insectes est nourri des mains de Dieu[3] », Jésus et Mahomet disent-ils quelque chose de plus que Rabbi Jochanan enseignant à ses disciples que « Dieu est assis sur les hauteurs du monde pour distribuer la nourriture à toutes les créatures indistinctement[4] ? »

Mais si, pour rendre hommage à la vérité, nous n’avons pas craint de diminuer la gloire du Judaïsme en montrant comment il n’a pas révélé au monde l’idée de la Providence, nous ne devons pas non plus craindre, pour l’amour de la même vérité, de dire franchement la supériorité qu’il s’est acquise sur toutes les religions passées et présentes, par suite de ses enseignements sur la prescience divine qui est le second point de vue auquel on peut envisager le dogme de la Providence.

Nous disons la prescience divine, car si, au lieu de considérer Dieu dans la faculté qu’il possède de prévoir l’avenir, nous nous en tenions simplement à celle qu’il a de connaître le présent, l’actuel, et de se souvenir du passé, la doctrine juive ne nous apparaitrait encore une fois pas comme véritablement révélatrice. Est-ce que toutes les divinités de l’Olympe ne nous

  1. Coran, chap. LXVII.
  2. Mathieu, chap. VI, v. 31 et 26.
  3. Coran, chap. VI.
  4. Talmud Pesuchim, p. 118.