Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/83

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étaient pas représentées comme ayant les yeux ouverts sur les individus et sur les peuples placés sous leur protection respective, connaissant leurs projets, souriant à leurs désirs, intervenant en leur faveur, soit dans les batailles où ils se trouvaient engagés, soit dans les autres dangers qui pouvaient les menacer ?

Les chants d’Homère, par exemple, ne sont-ils pas remplis de ces récits qui nous montrent les dieux écoutant les prières de leurs favoris, et ne dédaignant pas, pour leur assurer la victoire, d’entrer même en combat singulier avec des divinités rivales ? Pour faire sur ce point lumière complète, le Judaïsme n’avait donc encore une fois besoin que de ramener simplement toutes ces opinions qui se rapportaient à des êtres imaginaires vers l’Être réel, vers le Dieu-esprit. Il serait sans doute juste de dire qu’en la faisant, cette lumière, il y a ajouté un rayon d’une incomparable clarté, à la faveur duquel le Dieu des Écritures apparaît comme « sondant les reins et les cœurs »[1]. Mais la spiritualité une fois admise en Dieu, n’allait-il pas de soi qu’on lui attribuât également le don de lire jusqu’au plus profond de notre âme ? L’esprit ne pénètre-t-il pas partout, et la grossière enveloppe qui s’appelle le corps, pourrait-elle être un obstacle à ses investigations ? Il était donc tout naturel, qu’en passant sous le drapeau du vrai Dieu, les polythéistes se trouvassent tout de suite avoir la ferme croyance que, selon l’expression des Évangiles et du Coran, « aux yeux de l’Éternel, toutes choses sont nues ; qu’il juge des entretiens et des pensées de l’âme ; qu’il a l’héritage des cieux et de la terre, et que rien de ce que l’on fait n’échappe à sa connaissance »[2]. Ces textes sont

  1. Jérémie, ch. XVII, v. 10, et ch. XX, v. 12. 1er Livre des Chroniques, ch. IX, v. 17, et Psaumes, ch. XI, v. 4.
  2. Épitre aux Hébreux, ch. IV, v. 12 et 13 ; Math., ch. X, v. 26 ; Apocalypse, ch. II, v. 23 ; Coran, ch. III et LXXXII.