ouvriers qu'on établit auprès de son exploitation agricole consommeront les denrées qu'il avait de trop ; et leurs produits, toujours moins volumineux que ces denrées, s’exporteront plus facilement. Tout le monde gagne alors ; l'agriculteur tire plus de parti de ses fonds, l'ouvrier vit dans l'aisance et le marchand s'enrichit.
On a souvent réussi à faire considérer comme un avantage national le bas prix de la main-d'œuvre, sans vouloir examiner s’il était nominal ou réel ; on a loué de leur patriotisme les fabricants qui refusaient d'augmenter les gages de leurs ouvriers, et les gouvernements les ont quelquefois secondés, en fixant le taux des salaires et en le maintenant par la force. Il est difficile de porter une loi en même temps plus impolitique et plus injuste. Ce n'est pas le profit du fabricant qui constitue l'intérêt national, c'est le bénéfice que la fabrication répartit entre toutes les classes qui y concourent ; c'est la participation de toutes au revenu national qui naît du travail. Si l'administration devait se proposer pour but l'avantage d'une des classes de la nation aux dépens des autres, ce sont justement les journaliers qu'elle devrait favoriser. Entre ceux qui participent au prix de la production, ils sont les plus nombreux ; et as-