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Troisième classe.

La troisième et dernière classe de produit brut dont le prix s’élève naturellement dans les progrès que fait l’amélioration d’un pays, c’est cette espèce de produit sur la multiplication duquel l’industrie humaine n’a qu’un pouvoir limité ou incertain. Ainsi, quoique le prix réel de cette classe de produit brut tende naturellement à s’élever dans le cours des progrès de l’amélioration, néanmoins, selon que, d’après différentes circonstances accidentelles, les efforts de l’industrie humaine se trouvent réussir plus ou moins à augmenter la quantité de ce produit, il peut se faire que ce prix vienne quelquefois à baisser, qu’il se soutienne quelquefois au même taux dans des périodes d’amélioration très-différentes, et quelquefois qu’il hausse plus ou moins dans une même période d’amélioration.

Il y a certaines espèces de produits bruts qui sont par leur nature en quelque sorte accessoires et dépendants d’une autre espèce ; de manière que la quantité de l’une de ces espèces qu’un pays peut fournir est nécessairement limitée par la quantité de l’autre. Par exemple, la quantité de laines ou de peaux crues qu’un pays peut fournir est nécessairement limitée par le nombre du gros et menu bétail qu’on y entretient, et ce nombre est encore déterminé nécessairement par l’état de l’amélioration de ce pays et la nature de son agriculture.

On pourrait penser que les mêmes causes qui, dans le progrès de l’amélioration, font hausser par degrés le prix de la viande de boucherie, devraient produire le même effet sur le prix des laines et des peaux crues, et faire monter aussi ce prix à peu près dans la même proportion. Il en serait ainsi vraisemblablement si, dans les premiers commencements informes de la civilisation, le marché pour les dernières de ces productions était renfermé dans des bornes aussi étroites que le marché pour la première ; mais communément leurs marchés respectifs sont d’une étendue extrêmement différente.

Presque partout le marché pour la viande de boucherie est borné au pays qui la produit. À la vérité, l’Irlande et quelques parties de l’Amérique anglaise font un commerce assez important en viandes salées, mais ce sont, je pense, les seuls pays du monde commerçant qui exportent dans d’autres pays une partie considérable de leur viande de boucherie.