Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/111

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les, où notre autorité a toujours été si faible, et où on a donné aux habitants la faculté de transporter, sur leurs propres vaisseaux, leurs marchandises non énumérées[1], d’abord à toutes les parties de l’Europe, et ensuite à toutes les parties de l’Europe situées au sud du cap Finistère, il n’est pas vraisemblable que ce monopole puisse jamais être très-respecté ; et probablement en tout temps ils ont bien su trouver le moyen de remporter quelque cargaison des pays où il leur était permis d’en porter une. Cependant il paraît qu’ils ont trouvé quelque difficulté à importer les vins d’Europe des pays où ils sont produits, et ils ne pouvaient guère les importer de la Grande-Bretagne, où cette denrée était chargée de tant de droits énormes, dont une très-forte partie n’était pas restituée à l’exportation. Le vin de Madère, n’étant pas une marchandise européenne, pouvait être importé directement en Amérique et dans les Indes occidentales, qui les unes et les autres jouirent d’un commerce libre avec l’île de Madère pour toutes leurs marchandises non énumérées. C’est vraisemblablement cette circonstance qui a introduit ce goût général pour les vins de Madère, qui dominait dans toutes nos colonies au commencement de la guerre de 1755, et que nos officiers rapportèrent avec eux dans la mère-patrie, où ces vins n’avaient pas été jusque-là fort en vogue. À la conclusion de cette guerre, en 1763 (par le statut de la quatrième année de Georges III, chap. xv, sect. 12), on accorda le drawback de tous les droits, sauf une retenue de 3 livres 10 schellings, en cas d’exportation aux colonies de toute espèce de vins ; les vins de France, au commerce et à la consommation desquels le préjugé national ne voulait accorder aucune sorte d’encouragement, furent exceptés de cette faveur. L’espace de temps qui s’est écoulé entre la concession de cette facilité et l’insurrection de nos colonies d’Amérique, a sans toute été trop court pour qu’il ait pu se faire dans les habitudes de ce pays quelque changement un peu sensible.

Le même acte qui favorisait ainsi les colonies de préférence aux autres pays, en leur accordant ces restitutions sur l’exportation de tous les vins, excepté ceux de France, les favorisait beaucoup moins que les autres pays quant aux restitutions sur l’exportation de toutes les autres marchandises. On restituait la moitié de l’ancien subside à l’exportation de la plupart des marchandises aux autres pays. Mais cet acte portait qu’on ne restituerait aucune partie de ce droit à l’exportation

  1. Voyez, pour l'explication de ce mot, le chap. vii, seconde section.