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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/126

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Il semble que nos propriétaires ruraux, en imposant à l’importation des blés étrangers de gros droits qui, dans les temps d’une abondance moyenne, équivalent à une prohibition, et en établissant la prime à l’exportation, aient pris exemple sur la conduite de nos manufacturiers. Par l’une de ces mesures, ils se sont assuré le monopole du marché intérieur, et par l’autre ils ont essayé d’empêcher que ce marché ne fût en aucun temps surchargé de la marchandise dont ils sont les vendeurs. Par l’une et par l’autre, ils ont cherché à faire hausser la valeur réelle de cette marchandise, de la même manière que nos manufacturiers, à l’aide de pareils moyens, avaient fait hausser la valeur réelle de plusieurs différentes sortes de marchandises manufacturées. Peut-être ils n’ont pas fait attention à la grande et essentielle différence établie par la nature entre le blé et presque toutes les autres sortes de marchandises. Lorsqu’au moyen d’un monopole sur le marché intérieur, ou d’une prime donnée à l’exportation, on met nos fabricants de toiles ou de laines à même de vendre leurs marchandises à un prix un peu meilleur que celui auquel ils les auraient données sans cela, on élève non-seulement le prix nominal, mais le prix réel de leurs marchandises. On les rend équivalentes à plus de travail et à plus de subsistances ; on augmente non-seulement le profit nominal de ces fabricants, mais leur profit réel, leur richesse et leur revenu réel ; on les met à même, ou de vivre plus à l’aise, ou d’employer plus de monde dans leur fabrique[1]. On encourage réellement ces manufactures, et on y pousse une plus grande quantité de l’industrie du pays que celle qui vraisemblablement s’y serait portée d’elle-même. Mais quand, à l’aide de mesures semblables, vous faites hausser le prix nominal du blé ou son prix en argent, vous n’élevez pas sa valeur réelle. Vous n’augmentez pas la richesse réelle, le revenu réel de nos fermiers et de nos propriétaires ruraux. Vous n’encouragez

  1. L’influence d’une prime d’exportation accordée à des produits manufactures, sur leur prix ou sur le produit du manufacturier, cesse bientôt. L’élévation de prix que la prime occasionne, dans le premier moment, doit attirer infailliblement dans l’industrie favorisée autant de capital de plus qu’il en faut pour répondre à la demande croissante des produits, et en même temps pour réduire les profits du manufacturier et du commerçant au taux commun. Mac Culloch.