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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/138

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que faire un examen particulier de la nature du commerce des blés et des principales lois anglaises relatives à ce commerce. La longueur de la digression sera bien justifiée par la grande importance du sujet.

Le commerce de marchand de blé se compose de quatre branches différentes, qui peuvent bien quelquefois être exercées par la même personne à la fois, mais qui n’en constituent pas moins, par leur nature, quatre commerces distincts et séparés. Ces branches sont :

1° Le commerce du marchand qui trafique sur le blé dans l’intérieur seulement ;

2° Celui du marchand qui importe du blé étranger pour la consommation du pays ;

3° Celui du marchand qui exporte à l’étranger le blé produit dans le pays ;

Et 4° celui du marchand voiturier ou du marchand qui importe du blé étranger, dans la vue de le réexporter ensuite.


§ 1. — Commerce intérieur.


L’intérêt du marchand qui commerce sur les blés dans l’intérieur, et l’intérêt de la masse du peuple, quelque opposés qu’ils puissent paraître au premier coup d’œil, sont pourtant précisément semblables, dans les années mêmes de la plus grande cherté.

L’intérêt de ce marchand est de faire monter le prix de son blé aussi haut que le peut exiger la disette réelle du moment, et ce ne peut jamais être son intérêt de le faire monter plus haut. En faisant monter le prix, il décourage la consommation[1] et met tout le monde, plus ou moins, mais particulièrement les classes inférieures du peuple, dans le cas d’épargner sur cet article et de vivre de privations. Si, en élevant ce prix trop haut, il décourage la consommation au point que la provision de l’année puisse dépasser la consommation de l’année et durer quelque temps après la

  1. Malheureusement il est éprouvé, par de tristes expériences, que la disette du blé ne fait qu’augmenter, même artificiellement, la demande. A. B.