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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/174

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moindre diminution de dépense. Qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas de seigneuriage, si la monnaie courante contient pleinement son poids de fabrication, le monnayage ne coûte rien à personne ; et si elle se trouve être au-dessous de ce poids, le monnayage doit toujours nécessairement coûter de même la différence entre la quantité de métal qu’elle devrait contenir, et la quantité qu’elle en contient réellement pour le moment.

Ainsi, quand le gouvernement défraye la dépense du monnayage, non-seulement il se charge d’une petite dépense, mais encore il perd un petit revenu que pourrait lui fournir un droit convenablement fixé, et cet acte de générosité nationale ne profite pas le moins du monde à la banque ni à aucun autre particulier.

Mais les directeurs de la banque ne seraient probablement pas très-disposés à consentir à l’imposition d’un droit de seigneuriage, sur la foi d’une spéculation qui ne leur promet pas un gain positif, mais qui prétend seulement leur garantir qu’ils n’en essuieront aucune perte. Dans l’état actuel de la monnaie d’or, et tant qu’elle continuera à être reçue au poids, à coup sûr ils ne gagneraient rien à un pareil changement. Mais si la coutume de peser la monnaie d’or venait jamais à passer d’usage, comme il est à présumer que cela arrivera, et si la monnaie d’or venait jamais à tomber dans le même état de dégradation où elle était avant la dernière refonte, le gain de la banque, ou pour mieux dire l’épargne que lui vaudrait l’imposition d’un seigneuriage, serait alors probablement très-considérable. La banque d’Angleterre est la seule compagnie qui envoie des lingots à la Monnaie pour une valeur importante, et la charge du monnayage annuel tombe entièrement ou presque entièrement sur elle. Si ce monnayage annuel n’avait autre chose à faire qu’à réparer les pertes inévitables de la monnaie et le déchet qui provient nécessairement du frai, il ne pourrait guère excéder 50000 livres, ou au plus 100,000 livres. Mais, quand la monnaie est dégradée au-dessous de son poids de fabrication, il faut qu’en outre le monnayage annuel remplisse les vides énormes que font continuellement dans la monnaie courante les opérations du creuset et de l’exportation. C’est pour cette raison que, pendant les dix ou douze années qui ont précédé immédiatement la dernière refonte de la monnaie d’or, le monnayage annuel s’élevait, année moyenne, à plus de 850 000 livres. Mais s’il y eût un droit de seigneuriage de 4 ou 5 pour 100 sur la monnaie d’or, il aurait vraisemblablement, même dans l’état où était alors la monnaie, arrêté d’une manière efficace toute l’activité du creuset et celle