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seule nation, a été, pour ces deux îles stériles, la grande source de leur prospérité.

La colonie française du Canada a été, pendant la plus grande partie du dernier siècle et une partie de celui-ci, sous le régime d’une compagnie exclusive. Sous une administration aussi nuisible, ses progrès furent naturellement très-lents en comparaison de ceux des autres colonies nouvelles ; mais ils devinrent beaucoup plus rapides lorsque cette colonie fut dissoute, après la chute de ce qu’on appelle l’affaire du Mississippi. Quand les Anglais prirent possession de ce pays, ils y trouvèrent près du double d’habitants de ce que le père Charlevoix y en avait compté vingt à trente ans auparavant. Ce jésuite avait parcouru tout le pays, et il n’avait aucun motif de le représenter moins considérable qu’il ne l’était réellement.

La colonie française de Saint-Domingue fut fondée par des pirates et des flibustiers qui y demeurèrent longtemps sans recourir à la protection de la France et même sans reconnaître son autorité ; et quand cette race de bandits eut assez pris le caractère de citoyens pour reconnaître l’autorité de la mère patrie, pendant longtemps encore il fut nécessaire d’exercer cette autorité avec beaucoup de douceur et de circonspection. Durant le cours de cette période, la culture et la population de la colonie prirent un accroissement extrêmement rapide. L’oppression même de la compagnie exclusive à laquelle, ainsi que toutes les autres colonies françaises, elle fut assujettie pour quelque temps, put bien sans doute ralentir un peu ses progrès, mais ne fut pas encore capable de les arrêter tout à fait. Le cours de sa prospérité reprit le même essor qu’auparavant, aussitôt qu’elle fut délivrée de cette oppression. Elle est maintenant la plus importante des colonies à sucre des Indes occidentales, et l’on assure que son produit excède celui de toutes les colonies à sucre de l’Angleterre, prises ensemble. Les autres colonies à sucre de la France sont toutes, en général, très-florissantes.

Mais il n’y a pas de colonies dont le progrès ait été plus rapide que celui des colonies anglaises dans l’Amérique septentrionale.

L’abondance de terres fertiles et la liberté de diriger leurs affaires comme elles le jugent à propos, voilà, à ce qu’il semble, les deux grandes sources de prospérité de toutes les colonies nouvelles.

Du côté de la quantité de bonnes terres, les colonies anglaises de l’Amérique septentrionale, quoique sans doute très-abondamment pourvues, sont cependant inférieures aux colonies espagnoles et por-