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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/300

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pour l’exportation de leurs toiles, de forts droits sur l’importation de toutes les toiles étrangères et une prohibition absolue de la consommation de quelques espèces de toiles françaises dans l’intérieur, ils ont cherché à vendre leurs propres marchandises aussi cher que possible. En encourageant l’importation du fil étranger pour toiles et en le faisant venir ainsi en concurrence avec celui que filent nos ouvriers, ils cherchent à acheter au meilleur marché possible l’ouvrage des pauvres qui vivent de ce métier. Ils ne sont pas moins attentifs à tenir à bas prix les salaires de leurs tisserands que ceux des pauvres fileuses ; et s’ils cherchent tant à hausser le prix de l’ouvrage fait ou à faire baisser celui de la matière première, ce n’est nullement pour le profit de l’ouvrier. L’industrie qu’encourage principalement notre système mercantile, c’est celle sur laquelle porte le bénéfice des gens riches et puissants. Celle qui alimente les profits du faible et de l’indigent est presque toujours négligée ou opprimée[1].

La prime pour l’exportation de la toile, ainsi que l’exemption de droits sur l’importation du fil étranger, qui n’avaient été accordées que pour quinze ans, mais qui ont été continuées par deux prolongations différentes, expirent à la fin de la session du parlement, immédiatement après le 24 juin 1786.

L’encouragement donné à l’importation des matières premières de manufactures par des Primes a été borne principalement à celles qui s’importent de nos colonies d’Amérique.

Les premières primes de ce genre furent celles accordées vers le commencement de ce siècle, sur l’importation des munitions navales d’Amérique. Sous cette dénomination, on comprit le bois propre aux mâts, vergues et beauprés, le chanvre, la poix, le goudron et la térébenthine. Cependant, la prime de 1 livre par tonneau sur le bois de mâture, et celle de 6 livres par tonneau sur le chanvre, furent étendues à celles de ces denrées que l’on importerait d’Écosse en Angleterre. Ces deux primes restèrent sans variations sur le même pied jusqu’à leur expiration, qui arriva, pour celle sur le chanvre, le 1er janvier 1741, et

  1. Quelle franchise et quelle honnêteté dans ce langage ! Adam Smith sympathisait évidemment avec les classes laborieuses, et c’est bien à tort qu’on affecte de le confondre avec quelques économistes sans entrailles qui règnent dans son pays. A. B.