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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/311

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un certain point à l’intérêt des producteurs, uniquement pour favoriser celui des manufacturiers.

Toute classe de citoyens est obligée de contribuer aux dépenses du souverain ou de la république. Une taxe de 5 ou même de 10 schellings sur l’exportation de chaque balle de vingt-huit livres de laine produirait au souverain un revenu fort considérable. Elle nuirait un peu moins à l’intérêt des producteurs que ne le fait la prohibition, parce que vraisemblablement elle ne ferait pas baisser tout à fait d’autant le prix de la laine ; elle donnerait au manufacturier un avantage suffisant, parce qu’en supposant qu’il ne pût pas acheter sa laine précisément à aussi bon marché qu’il le fait avec la prohibi­tion, au moins il l’achèterait toujours 5 ou 10 schellings à meilleur marché que ne pourrait l’acheter tout autre manufacturier étranger, sans compter encore l’épargne du fret et de l’assurance que celui-ci serait obligé de payer. Il n’est guère possible d’ima­giner d’impôt capable de produire un revenu considérable au souverain, et qui en même temps entraîne aussi peu d’inconvénients pour personne.

La prohibition, en dépit de toutes les peines dont on l’a entourée, n’empêche pas encore l’exportation de la laine. On sait parfaitement qu’il s’en exporte une quantité considérable ; la grande différence entre le prix qu’elle a sur notre marché et celui qu’elle a sur les marchés étrangers, offre un tel appât à la contrebande, que toutes les rigueurs de la loi ne peuvent la contenir. Cette exportation illégale n’est avantageuse à personne qu’au contrebandier. Une exportation légale, soumise à un impôt, tournerait à l’avantage de tous les sujets de l’État, en fournissant un revenu au souverain et en épargnant par là l’établissement de quelques autres impôts peut-être plus onéreux et plus incommodes.

L’exportation de cette terre qu’on nomme terre à foulon, et qu’on croit nécessaire pour préparer et dégraisser des ouvrages de lainerie, a été prohibée à peu près sous les mêmes peines que l’exportation de la laine. La terre à pipe même, quoique reconnue pour être différente de la terre grasse employée par les foulons a été, à cause de la ressemblance, comprise dans la prohibition et sous les mêmes peines, de peur que la terre à foulon ne fût quelquefois exportée comme terre à pipe[1].

  1. Cette restriction n’existe plus. La terre à foulon et la terre à pipe peuvent être actuellement exportées, moyennant un droit d’un demi pour 100 ad valorem Mac Culloch.