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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/315

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fournir le marché de la Grande-Bretagne par une importation immédiate du lieu où croissent ces gommes. En conséquence, par le statut de la vingt-cinquième année de Georges II, contre les dispositions générales de l’acte de navigation, on permit l’importation, de tous les endroits de l’Europe, de la gomme du Sénégal. Cependant, comme la loi ne cherchait pas à encourager ce genre de commerce si contraire aux principes généraux de la politique commerciale de l’Angleterre, elle imposa un droit de 10 schellings par quintal sur cette importation, et aucune partie de ce droit n’était restituable lors de l’exportation. Les succès de la guerre commencée en 1755 donnèrent à la Grande-Bretagne, dans ces pays, le même commerce exclusif que celui dont la France avait joui auparavant. Dès que la paix fut faite, nos manufacturiers tâchèrent de tourner cet avantage à leur profit personnel et de s’assurer un monopole, tant contre les producteurs de cette denrée que contre ceux qui l’importent. En conséquence, par le statut de la cinquième année de Georges III, chap. xxxvii, l’exportation de la gomme du Sénégal, des pays de la domination de Sa Majesté en Afrique, fut bornée à la Grande-Bretagne et soumise à toutes les mêmes restrictions, règlements, peines et confiscations que celles des marchandises énumérées des colonies anglaises d’Amérique et des Indes occidentales. À la vérité, l’importation de cette drogue fut assujettie à un léger droit de 6 deniers par quintal ; mais sa réexportation fut chargée d’un droit énorme de 1 livre 10 schellings par quintal[1]. L’intention de nos manufacturiers était que tout le produit de ces pays pût être importé en Angleterre, et dans la vue de se mettre à même de l’acheter au prix qui leur conviendrait, ils voulurent qu’on n’en pût réexporter la moindre partie, sinon avec des frais capables de décourager cette exportation. Mais, dans cette occupation comme en beaucoup d’autres, leur avidité a manqué son but. Ce droit énorme offrit un tel appât à la contrebande, qu’il y eut de grandes quantités de cette denrée exportées en fraude, vraisemblablement dans tous les pays manufacturiers de l’Europe, mais en particulier en Hollande, et non-seulement de la Grande-Bretagne, mais même de l’Afrique. En conséquence, le statut de la quatorzième

  1. Le droit sur la gomme du Sénégal importé dans la Grande-Bretagne pour la consommation intérieure est actuellement (1838) de 6 schellings le quintal. Si elle est importée et entreposée pour la réexportation, elle est franche de droits. Mac Culloch.