Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/326

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productif que le capital placé dans les manufactures. Il ne fait non plus que continuer l’existence de sa propre valeur, sans produire aucune valeur nouvelle. Ces profits ne sont que le remboursement de la subsistance que s’avance à soi-même celui qui emploie le capital, pendant le temps qu’il l’emploie, ou jusqu’à ce qu’il en ait reçu la rentrée. Ils ne sont que le remboursement d’une partie de la dépense qu’il faut nécessairement faire en employant ce capital.

Le travail des artisans et ouvriers de manufacture n’ajoute jamais la moindre chose à la valeur de la somme totale du produit brut de la terre. Il est bien vrai qu’il ajoute considérablement à la valeur de quelques parties de ce produit, vues séparément. Mais la valeur ajoutée à ces parties n’est précisément qu’un équivalent de la consommation d’autres parties de ce produit, à laquelle il donne lieu en même temps ; de manière que la valeur de la somme totale du produit ne se trouve, en aucun moment, augmentée de la moindre chose par ce travail. Par exemple, la personne qui fait la dentelle d’une très-belle paire de manchettes, fera quelquefois monter à 30 livres sterling la valeur de peut-être un denier de lin. Mais quoique, au premier coup d’œil, cette personne paraisse par là multiplier 7,200 fois environ la valeur d’une partie du produit brut, dans la réalité elle n’ajoute rien à la valeur de la somme totale du produit brut. La façon de cette dentelle lui coûte peut-être deux années de travail. Les 30 livres qu’elle en retire quand l’ouvrage est fini, ne sont autre chose que le remboursement de la subsistance qu’elle s’est avancée à elle-même durant les deux années qu’elle a été occupée à cet ouvrage. La valeur qu’elle ajoute au lin par le travail de chaque jour, de chaque mois, de chaque aimée, ne fait autre chose que remplacer la valeur de ce qu’elle consomme pendant ce jour, ce mois, cette année. Ainsi, il n’y a aucun instant dans lequel elle ait ajouté la plus petite chose à la valeur de la somme totale du produit brut de la terre, la portion de ce produit qu’elle va consommant continuellement étant toujours égale à la valeur qu’elle va produisant aussi continuellement. L’extrême pauvreté de la plupart des personnes employées à cette espèce de manufacture, si dispendieuse malgré sa frivolité, suffit bien pour nous convaincre que, pour l’ordinaire, le prix de leur travail n’excède pas la valeur de leur subsistance.

Il en est autrement du travail des fermiers et ouvriers de la campagne. La rente du propriétaire est une valeur que ce travail rend, d’ordinaire, continuellement productive, vu qu’il remplace en outre, et le