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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/339

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élevé[1]. À cet égard donc, la classe des cultivateurs ne peut avoir aucune espèce d’avantage sur celle des artisans et manufacturiers.

L’augmentation dans la quantité de travail utile actuellement employé dans une société dépend uniquement de l’augmentation du capital qui le tient en activité ; et à son tour, l’augmentation de ce capital doit être précisément égale au montant des épargnes que font sur leurs revenus ou les personnes qui dirigent et administrent ce capital, ou quelques autres personnes qui le leur prêtent. Si, comme ce système semble le supposer, les marchands, artisans et manufacturiers sont naturellement plus disposés à l’économie et à l’habitude d’épargner que ne le sont les propriétaires et les cultivateurs, ils sont vraisemblablement d’autant plus dans le cas d’augmenter la quantité du travail utile employé dans la société dont ils font partie et, par conséquent, d’augmenter le revenu réel de cette société, le produit annuel de ses terres et de son travail.

Cinquièmement, enfin, quand même on admettrait que le revenu des habitants d’un pays consiste uniquement, comme ce système paraît le supposer, dans la quantité de subsistance que peut leur procurer leur industrie, cependant, dans cette supposition même, le revenu d’un pays manufacturier et trafiquant doit être, toutes choses égales d’ailleurs, nécessairement toujours beaucoup plus grand que celui d’un pays sans trafic et sans manufactures. Au moyen du trafic et des manufactures, un pays peut annuellement importer chez lui une beaucoup plus grande quantité de subsistances que ses propres terres ne pourraient lui en fournir dans l’état actuel de leur culture. Quoique les habitants d’une ville ne possèdent souvent point de terres à eux, ils attirent cependant à eux, par leur industrie, une telle quantité du produit brut des terres des autres, qu’ils trouvent à s’y fournir, non-seulement des matières premières de leur travail, mais encore du fonds de leur subsistance. Ce qu’une ville est toujours à l’égard de la campagne de son voisinage, un État ou un pays indépendant peut souvent l’être à l’égard d’autres États ou pays indépendants. C’est ainsi que la Hollande tire des autres pays une grande partie de sa subsistance ; son bétail vivant du Holstein et du Jutland, et son blé de presque tous les différents pays de l’Europe.

Une petite quantité de produit manufacturé achète une grande quan-

  1. Voy. liv. I, chap. i.