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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/340

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tité de produit brut. Par conséquent, un pays manufacturier et trafiquant achète naturellement, avec une petite partie de son produit manufacturé, une grande partie du produit brut des autres pays, tandis qu’au contraire un pays sans trafic et sans manufactures est, en général, obligé de dépenser une grande partie de son produit brut pour acheter une très-petite partie du produit manufacturé des autres pays. L’un exporte ce qui ne peut servir à la subsistance et aux commodités que d’un très-petit nombre de personnes, et il importe de quoi donner de la subsistance et de l’aisance à un grand nombre. L’autre exporte la subsistance et les commodités d’un grand nombre de personnes, et importe de quoi donner à un très-petit nombre seulement leur subsistance et leurs commodités. Les habitants de l’un doivent toujours nécessairement jouir d’une beaucoup plus grande quantité de subsistances que ce que leurs propres terres pourraient leur rapporter dans l’état actuel de leur culture. Les habitants de l’autre doivent nécessairement jouir d’une quantité de subsistances fort au-dessous du produit de leurs terres.

Avec toutes ses imperfections, néanmoins, ce système est peut-être, de tout ce qu’on a encore publié sur l’économie politique, ce qui se rapproche le plus de la vérité, et sous ce rapport il mérite bien l’attention de tout homme qui désire faire un examen sérieux des principes d’une science aussi importante. Si, en représentant le travail employé à la terre comme le seul travail productif, les idées qu’il veut donner des choses sont peut-être trop étroites et trop bornées, cependant, en représentant la richesse des nations comme ne consistant pas dans ces richesses non consommables d’or et d’argent, mais dans les biens consommables reproduits annuellement par le travail de la société, et en montrant la plus parfaite liberté comme l’unique moyen de rendre cette reproduction annuelle la plus grande possible, sa doctrine paraît être, à tous égards, aussi juste qu’elle est grande et généreuse. Ses partisans sont très-nombreux ; et comme les hommes se plaisent aux paradoxes et sont jaloux de paraître comprendre ce qui passe l’intelligence du vulgaire, le paradoxe qu’il soutient sur la nature non productive du travail des manufactures n’a peut-être pas peu contribué à accroître le nombre de ses admirateurs.

Ils formaient, il y a quelques années, une secte assez considérable, distinguée en France, dans la république des lettres, sous le nom d’Économistes. Leurs travaux ont certainement rendu quelques services à leur pays, non-seulement en