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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/341

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appelant la discussion générale sur plusieurs matières qui n’avaient été, jusque-là, guère approfondies, mais encore en obtenant à un certain point, par leur influence, un traitement plus favorable pour l’agriculture de la part de l’administration publique. Aussi est-ce par une suite de leurs représentations que l’agriculture de France s’est vue délivrée de plusieurs des oppressions sous lesquelles elle gémissait auparavant. On a prolongé, de neuf années à vingt-sept, le terme pour lequel il est permis de passer un bail qui puisse avoir exécution contre tout acquéreur ou futur propriétaire d’une terre. Les anciens règlements provinciaux, qui gênaient le transport du blé d’une province du royaume à l’autre, ont été entièrement supprimés, et la liberté de l’exporter à tous les pays étrangers a été établie comme loi commune du royaume dans tous les cas ordinaires. Les écrivains de cette secte, dans leurs ouvrages, qui sont très-nombreux et qui traitent, non-seulement de ce qu’on nomme proprement l’économie politique, ou de la nature et des causes de la richesse des nations, mais encore de toute autre branche du système du gouvernement civil, suivent tous, dans le fond et sans aucune variation sensible, la doctrine de M. Quesnay. En conséquence, il y a peu de variété dans la plupart de leurs ouvrages. On trouvera l’exposition la plus claire et la mieux suivie de cette doctrine dans un petit livre écrit par M. Mercier de la Rivière, ancien intendant de la Martinique, intitulé : L’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques. L’admiration de la secte entière des économistes pour leur maître, qui était lui-même un homme d’une grande simplicité et d’une grande modestie, ne le cède en rien à celle que les philosophes de l’antiquité conservaient pour les fondateurs de leurs systèmes respectifs. « Depuis l’origine du monde », dit un auteur très-habile et très-aimable, le marquis de Mirabeau, « il y a eu trois grandes découvertes qui ont fourni aux sociétés politiques leur principale solidité, indépendamment de beaucoup d’autres découvertes qui ont contribué à les orner et à les enrichir. La première, c’est l’invention de l’écriture, qui seule donne au genre humain la faculté de transmettre, sans altérations, ses lois, ses conventions, ses annales et ses découvertes. La seconde est l’invention de la monnaie, le lien commun qui unit ensemble toutes les sociétés civilisées. La troisième, qui est le résultat des deux autres, mais qui les complète, puisqu’elle porte leur objet à sa perfection, est le Tableau économique, la grande découverte qui fait la gloire de notre siècle, et dont la postérité recueillera les fruits.