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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/346

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pour sa grande exportation de grains. Elle a été longtemps le grenier de l’empire romain.

Les souvenirs de la Chine, ceux de l’ancienne Égypte et ceux des différents royaumes entre lesquels l’Indostan a été partagé à diverses époques, ont toujours tiré tout leur revenu, ou la plus grande partie, sans comparaison, de leur revenu, de quelque espèce d’impôt foncier ou de redevance foncière. Cet impôt foncier ou redevance foncière consistait, comme la dîme en Europe, en une portion déterminée, un cinquième, dit-on, du produit de la terre, qui était livré en nature ou bien qu’on payait en argent d’après une évaluation fixe ; par conséquent, cet impôt variait d’une année à l’autre, suivant toutes les variations que le produit venait à essuyer. Dès lors il était naturel que ces souverains donnassent une attention particulière aux intérêts de l’agriculture, puisque, de sa prospérité ou de son dépérissement, dépendait si directement l’accroissement ou la diminution annuelle de leur propre revenu.

La politique de Rome et celle des anciennes républiques de la Grèce, tout en honorant l’agriculture plus que les manufactures et le commerce étranger, semblent cependant s’être bien moins attachées à donner aucun encouragement formel et réfléchi à la première de ces industries qu’à décourager les deux autres.

Dans plusieurs des anciens États de la Grèce, le commerce étranger était totalement prohibé, et dans plusieurs autres les occupations d’artisan et de manufacturier étaient réputées nuire à la force et à l’agilité du corps, parce que, l’empêchant de se livrer habituellement aux exercices militaires et gymnastiques, elles le rendaient plus ou moins incapable d’endurer les fatigues et d’affronter les périls de la guerre. De telles occupations étaient censées ne convenir qu’à des esclaves, et on défendait aux citoyens de s’y adonner. Dans les États même où cette défense n’eut pas lieu, tels qu’Athènes et Rome, le peuple était, par le fait, exclu de tous les métiers qui sont maintenant exercés, pour l’ordinaire, par la dernière classe des habitants des villes. Ces métiers, à Rome et à Athènes, étaient remplis par les esclaves des riches, qui les exerçaient pour le compte de leurs maîtres, et la richesse, la puissance et la protection de ceux-ci mettaient le pauvre libre presque dans l’impossibilité de trouver le débit de son produit, quand ce produit venait en concurrence avec celui des esclaves du riche.

Mais les esclaves sont rarement inventifs, et les procédés les Plus avantageux à l’industrie, ceux qui facilitent et abrègent le travail, soit en fait de machines, soit en fait d’arrangement et de distribution de tâches, ont