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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/403

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plusieurs d’entre eux venaient à s’en apercevoir dans la suite, alors ni la chambre de commerce ni le comité du conseil ne pouvaient plus y rien réformer.

D’ailleurs, l’objet de la plus grande partie des statuts de toutes les compagnies privilégiées, aussi bien que de toutes les autres corporations, est bien moins d’opprimer ceux qui sont déjà membres, que de décourager les autres de le devenir ; ce qui peut se faire non-seulement par de gros droits d’entrée, mais encore par beaucoup d’autres moyens. Le but constant de ces compagnies est toujours d’élever le taux de leurs profits aussi haut qu’elles le peuvent ; de tenir le marché aussi dégarni qu’il leur est possible, tant pour les marchandises dont elles font l’exportation, que pour celles qu’elles importent ; ce qui ne peut se faire qu’en gênant la concurrence ou en décourageant de nouveaux concurrents de courir les hasards de ce commerce. D’ailleurs, un droit d’entrée, même de 20 livres seulement, s’il n’est peut-être pas assez fort pour décourager qui que ce soit d’entrer dans le commerce de Turquie, avec l’intention de continuer ce commerce, peut néanmoins l’être assez pour décourager un spéculateur de hasarder dans ce commerce une affaire particulière. Dans tout commerce quelconque, les marchands qui y ont fixé leur établissement, quand même ils ne seraient pas en corporation, se liguent naturellement pour faire monter leurs profits ; et il n’y a rien qui soit plus dans le cas de tenir en tout temps ces profits baissés à leur juste niveau, que la concurrence accidentelle de ces spéculateurs qui viennent par moments y tenter l’aventure. Quoique le commerce de Turquie paraisse avoir été à un certain point ouvert à tout le monde par cet acte du parlement, néanmoins beaucoup de gens le regardent encore comme bien loin d’être entièrement libre. La compagnie de Turquie contribue à entretenir un ambassadeur et deux ou trois consuls qui devraient, comme tous les autres ministres publics, être totalement entretenus aux frais de l’État, et tenir le commerce ouvert à tous les sujets de Sa Majesté. Les différentes taxes levées par la compagnie pour cet objet et pour d’autres arrangements de corporation pourraient fournir un revenu beaucoup plus que suffisant pour mettre l’État à même d’entretenir les ministres nécessaires.

Sir Josias Child a observé que, quoique les compagnies privilégiées eussent souvent entretenu des ministres publics, elles n’avaient néanmoins jamais entretenu de forts ou de garnisons dans les contrées où elles avaient commencé, tandis que les compagnies par actions l’ont souvent