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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/404

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fait. En effet, les premiers paraissent être beaucoup moins propres que les autres pour faire faire ce genre de service. D’abord, les directeurs d’une compagnie privilégiée n’ont pas d’intérêt particulier à la prospérité du commerce de la compagnie en général, qui est l’objet pour lequel on entretient ces forts et ces garnisons. Le dépérissement de ce commerce général peut même souvent contribuer à l’avantage de leur commerce particulier, et il peut, en diminuant le nombre de leurs concurrents, les mettre à même d’acheter à meilleur marché et de vendre plus cher. Les directeurs d’une compagnie par actions, au contraire, n’ayant autre chose que leur part dans les profits qui se font avec le capital commun confié à leur administration, n’ont pas à eux de commerce particulier dont l’intérêt puisse être différent de celui du commerce général de la compagnie. Leur intérêt privé est lié à la prospérité de ce commerce général, et il est lié à l’entretien des forts et des garnisons destinés à les protéger. Par conséquent, ils sont plus dans le cas d’avoir cette attention soigneuse et continuelle qu’exige nécessairement cet entretien. En second lieu, les directeurs d’une compagnie par actions ont toujours le maniement d’un gros capital, celui qui compose le fonds de la société, duquel ils peuvent souvent employer une partie d’une manière convenable, à bâtir, à réparer et à entretenir ces forts et garnisons nécessaires. Mais les directeurs d’une compagnie privilégiée n’ayant le maniement d’aucun capital commun, n’ont pas d’autres fonds à employer à de telles dépenses que le revenu casuel provenant des droits d’entrée payés aux admissions, et des taxes de corporation établies sur le commerce de la compagnie. Ainsi, quand même ils auraient le même intérêt à veiller à l’entretien de forts et de garnisons semblables, ils ne pourraient guère avoir les mêmes moyens de rendre leur vigilance aussi efficace. L’entretien d’un ministre public n’exigeant presque aucune surveillance et n’occasionnant qu’une dépense bornée et médiocre, c’est une chose beaucoup plus convenable à la constitution et aux facultés des compagnies privilégiées.

Cependant, longtemps après sir Josias Child, en 1750, on établit une compagnie privilégiée, la compagnie actuelle des marchands faisant le commerce d’Afrique, laquelle fut expressément chargée d’abord de l’entretien de tous les forts et garnisons de la Grande-Bretagne situés entre le cap Blanc et le cap de Bonne-Espérance, et ensuite de ceux seulement situés entre celui-ci et le cap Rouge. L’acte qui établit cette compagnie (de la vingt-troisième année de Georges II, chap. xxxi),