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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/407

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les capitaines des vaisseaux de Sa Majesté ne sont pas censés toujours parfaitement instruits dans la science des fortifications. La destitution d’une place dont on ne peut pas jouir pour un plus long terme que trois années, et dont les émoluments légitimes, même pendant ce terme, sont si faibles, paraît être l’extrême punition à laquelle soit exposé un membre du comité, pour quelque faute que ce soit (excepté une malversation directe ou un détournement de deniers, soit deniers publics, soit ceux de la compagnie) ; et la crainte d’une semblable punition ne peut jamais être un motif d’un assez grand poids pour l’engager à apporter une vigilance soigneuse et continuelle à laquelle il n’a pas d’autre intérêt qui l’oblige. Le comité a été accusé d’avoir expédié d’Angleterre des briques et de la pierre pour la réparation du château de la Côte-du-Cap, sur la côte de Guinée, chose pour laquelle le parlement avait accordé plusieurs fois une somme extraordinaire. De plus, ces briques et ces pierres, qui avaient été ainsi envoyées de si loin, se trouvèrent, dit-on, de si mauvaise qualité, qu’il fut nécessaire de rebâtir, depuis les fondations, les murs qui avaient été réparés avec ces matériaux. Les forts et garnisons qui sont au nord du cap Rouge, non-seulement sont entretenus aux frais de l’État, mais encore sont sous le gouvernement immédiat du pouvoir exécutif ; et pourquoi ceux situés au sud de ce cap, et qui sont aussi, en partie au moins, entretenus aux dépens de l’État, seraient-ils sous un autre gouvernement ? C’est ce dont il n’est pas aisé d’imaginer une bonne raison. Le but primitif ou le prétexte des garnisons de Minorque et de Gibraltar, ce fut la protection du commerce de la Méditerranée ; et cependant l’entretien et le gouvernement de ces garnisons ont toujours été commis, comme il est très-convenable, non pas à la compagnie de Turquie, mais au pouvoir exécutif. L’éclat et la dignité de ce pouvoir consistent, en grande partie, dans l’étendue de sa domination ; et il n’est guère vraisemblable qu’il manque d’attention dans tout ce qui est nécessaire pour défendre les domaines qui lui sont soumis. Aussi, les garnisons de Minorque et de Gibraltar n’ont-elles jamais été négligées. Si Minorque a été prise deux fois, et est probablement à présent perdue pour toujours, ce malheur même n’a jamais été imputé à aucune négligence du pouvoir exécutif. je ne voudrais pourtant pas qu’on pût croire que je prétends insinuer par là que l’une ou l’autre de ces deux garnisons si dispendieuses ait jamais été, même le moins du monde, nécessaire à l’objet pour lequel elles ont été originairement démembrées de la couronne