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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/450

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le portique à Zénon de Citta, le fondateur de la secte stoïcienne. Mais Épicure légua ses jardins à l’école qu’il avait fondée. Jusque vers le temps de Marc-Antonin, on ne voit pas qu’aucun professeur ait été salarié par l’État, ou ait reçu d’autres émoluments que les honoraires ou rétributions que lui payaient ses écoliers. La gratification que cet empereur philosophe accorda pour un maître de philosophie, comme nous l’apprend Lucien[1], ne dura vraisemblablement pas au-delà de la vie de l’empereur. Nous ne voyons rien d’équivalent aux privilèges des gradués, ni qu’il fût nécessaire d’avoir suivi quelqu’une de ces écoles pour avoir la faculté de pratiquer un emploi ou une profession particulière. Si l’opinion qu’on se formait de leur utilité ne leur attirait pas d’écoliers, la loi ne forçait personne à y aller, ni ne récompensait personne pour y avoir été. Les maîtres n’avaient aucune espèce de juridiction sur leurs élèves, ni d’autre autorité que cette autorité naturelle que la supériorité de vertu et de talent donne toujours sur les jeunes gens à ceux qui sont chargés de quelques parties de leur éducation.

À Rome, l’étude des lois civiles faisait une partie de l’éducation, non de la plupart des citoyens, mais de quelques familles particulières. Cependant, les jeunes gens qui désiraient acquérir la connaissance des lois n’avaient pas d’école publique où ils pussent aller s’instruire, et la seule ressource qu’ils eussent pour les étudier, c’était de fréquenter la société de ceux de leurs parents et amis qui passaient pour savants en cette partie. Il n’est peut-être pas inutile de remarquer que, quoique les lois des Douze-Tables fussent pour la plupart copiées sur celles de quelques anciennes républiques grecques, cependant il ne paraît pas que l’étude des lois ait jamais fait l’objet d’une science dans aucune république de la Grèce ; à Rome, elle fut de bonne heure une science, et elle donna aux citoyens qui avaient la réputation de l’entendre un lustre considérable. Dans les anciennes républiques de la Grèce, et

  1. « L’empereur a fondé pour chaque secte une chaire de philosophie. Les honoraires en sont assez considérables, et les stoïciens, les disciples de Platon, ceux d’Épicure et d’Aristote, y ont une égale part. Lorsqu’un de ces professeurs vient à mourir, un autre lui succède, nommé par le suffrage et d’après l’examen des philosophes les plus habiles. Or, le prix du combat n’est pas, comme dans Homère, une peau de bœuf, mais 10,000 drachmes payées au vainqueur chaque année, à condition de donner des leçons à la jeunesse. » (Lucien, Traduction de Belin de Malin, tome. III, page 529.)