Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/480

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dans la disposition des grands bénéfices de l’Église, en s’occupant de faire rendre aux doyen et chapitre de chaque diocèse l’ancien droit d’élire leur évêque, et aux moines de chaque abbaye celui d’élire leur abbé. Le rétablissement de cet ordre ancien fut l’objet de plusieurs statuts portés en Angleterre pendant le cours du quatorzième siècle, particulièrement de celui qui fut appelé le statut des proviseurs[1], et de la pragmatique sanction établie en France dans le quinzième siècle. Il devint nécessaire, pour la validité des élections, que le souverain y eût préalablement donné son consentement, et en même temps qu’il agréât ensuite la personne élue ; et quoique l’élection fût toujours censée libre, il eut néanmoins tous les moyens indirects que lui fournissait nécessairement sa position, pour prendre de l’influence sur le clergé de ses États. D’autres règlements tendant au même but furent établis dans d’autres endroits de l’Europe ; mais nulle part avant la réformation, à ce qu’il semble, le pouvoir du pape sur la collation des grands bénéfices de l’Église ne fut aussi efficacement et aussi universellement restreint qu’en France et en Angleterre. Vint ensuite, dans le seizième siècle, le concordat, qui donna aux rois de France le droit absolu de présentation à tous les grands bénéfices et bénéfices consistoriaux de l’Église gallicane.

Depuis l’établissement de la pragmatique sanction et du concordat, le clergé de France a, en général, montré moins de respect pour les décrets de la cour papale, que le clergé de tout autre pays catholique. Dans toutes les querelles que son souverain a eues avec le pape, ce clergé a presque toujours pris le parti du premier. L’indépendance où est le clergé de France de la cour de Rome paraît être principalement fondée sur la pragmatique sanction et le concordat. Dans les temps plus reculés de la monarchie, on trouve le clergé de France tout aussi dévoué au pape que le clergé de tout autre pays. Quand Robert, le second roi de la troisième race, fut frappé par la cour de Rome de la plus injuste des excommunications, ses propres domestiques, dit-on, jetaient aux chiens les mets qui sortaient de sa table, et se gardaient bien de toucher à rien de ce qui avait été souillé par le contact d’une per-

  1. Le mot anglais provisor désigne ceux qui sollicitaient des bulles du pape pour se faire investir du bénéfice ou dignité ecclésiastique, ou qui se prévalaient de pareilles bulles. Os bulles s’appelaient provision ou expectative, parce qu’elles nommaient un successeur par avance et en attendant la vacance du bénéfice.