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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/499

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l’intérêt d’une somme d’argent, comme avec les profits d’un capital. S’il a amassé un trésor, il peut prêter une partie de ce trésor, soit à des États étrangers, soit à ses propres sujets.

Le canton de Berne tire un revenu considérable du prêt d’une partie de son trésor aux États étrangers, c’est-à-dire du placement qu’il en a fait dans les fonds publics de différentes nations de l’Europe qui ont des dettes, principalement dans ceux de France et d’Angleterre. La sûreté d’un tel revenu dépendra de plusieurs conditions : 1° de la sûreté des fonds dans lesquels il est placé, et de la bonne foi du gouvernement qui a le maniement de ces fonds ; 2° de la certitude ou du moins de la probabilité qu’on restera en paix avec la nation débitrice. Dans le cas d’une guerre, il pourrait bien se faire que le premier de tous les actes d’hostilité, de la part de la nation débitrice, fût une confiscation des fonds du créancier. Cette mesure politique de prêter de l’argent aux États étrangers est, autant que je puis savoir, particulière au canton de Berne.

La ville de Hambourg[1] a établi une espèce de bureau de prêt public, qui prête de l’argent aux sujets de l’État sur des gages, à l’intérêt de 6 pour 100. Ce bureau de prêt ou lombard, comme on l’appelle, rapporte à l’État, à ce qu’on prétend, un revenu de 150,000 écus[2], qui, à 4 sch. 6 den. pièce, font 33,730 liv. sterling.

Le gouvernement de Pennsylvanie, sans amasser de trésor, trouva une manière de prêter à ses sujets, non pas de l’argent, à la vérité, mais ce qui équivaut à de l’argent. Il avança à des particuliers, à intérêt et sur des sûretés en biens-fonds de la valeur du double, des papiers de crédit ou billets d’État, remboursables dans les quinze années de leur date, transmissibles néanmoins de main en main, comme des billets de banque, et qui étaient déclarés, par un acte de l’assemblée, offres légales de payement pour toutes dettes entre habitants de la province. Par là, il se fit un petit revenu qui ne laissa pas que d’avancer considérablement le payement des dépenses annuelles de ce gouvernement réglé et économe, dont toutes les charges ordinaires allaient à environ 4,500 livres. Le succès d’une ressource de ce genre a dû dépendre de trois différentes circonstances : 1° du besoin d’un instrument de commerce

  1. Voyez Mémoires sur les droits et impositions, tome Ier, page 73.
  2. Ou rixdales, valant environ 5 fr. 20 c.