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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/51

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intérieur, ce sont les marchands et les manufacturiers. La prohibition d’importer du bétail étranger ou des viandes salées, ainsi que les gros droits mis sur le blé étranger, lesquels, dans les temps d’abondance moyenne, équivalent à une prohibition, ne sont pas, à beaucoup près, aussi avantageux aux nourrisseurs de bestiaux et aux fermiers de la Grande-Bretagne, que le sont les autres règlements de la même sorte aux marchands et aux manufacturiers. Les ouvrages de manufactures, et principalement ceux du genre le plus fini, se transportent bien plus aisément d’un pays à un autre que le bétail ou le blé. Aussi, c’est à porter et à rapporter des articles de manufactures que le commerce étranger s’emploie principalement. En fait de manufactures, il ne faut qu’un très-petit bénéfice pour mettre les étrangers à même de vendre au-dessous de nos propres ouvriers, même chez nous. Il en faudrait un très-considérable pour les mettre dans le cas d’en faire autant à l’égard du produit brut du sol. Si l’on venait à permettre la libre importation des ouvrages des fabriques étrangères, plusieurs des manufactures de l’intérieur en souffriraient vraisemblablement ; peut-être quelques-unes d’elles en seraient totalement ruinées, et une partie considérable des capitaux et de l’industrie employés aujourd’hui dans nos fabriques serait forcée de chercher un autre emploi. Mais on permettrait la plus libre importation du produit brut du sol que l’agriculture du pays ne ressentirait aucun effet semblable[1].

Si jamais, par exemple, on laissait une pareille liberté à l’importation du bétail étranger, il y en aurait si peu d’importé, que le commerce de nourrisseur de bestiaux dans ce pays s’en ressentirait bien peu. Le bétail en vie est peut-être la seule marchandise dont le transport soit plus coûteux par mer que par terre. Par terre, il se transporte lui-même au marché. Par mer, non-seulement le transport des bestiaux, mais encore celui de la nourriture et de l’eau qu’il faut embarquer avec eux, ne laissent pas que d’entraîner des frais et beaucoup d’embarras. À la vérité, le trajet si court entre l’Irlande et la Grande-Bretagne

  1. Il en résulterait sans doute une baisse dans le prix des céréales et, par conséquent, dans les revenus des propriétés. Les propriétaires de terres en souffriraient, mais la communauté y trouverait de très-grands bénéfices. Toutes les fois qu’il s’agira de soumettre l’importation des céréales à des restrictions, la question sera toujours de savoir si le bien-être général doit être sacrifié aux avantages d’une certaine classe, ou non. Buchanan.