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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/52

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rend plus facile l’importation du bétail d’Irlande. Mais quand même la libre importation de ce bétail, qui vient d’être permise pour un temps limité seulement, serait rendue perpétuelle, elle ne causerait pas un grand dommage aux nourrisseurs de bestiaux de la Grande-Bretagne. Ces parties de la Grande-Bretagne qui bordent la mer d’Irlande sont toutes des pays d’herbages. Ce ne serait jamais pour leur usage que le bétail d’Irlande pourrait être importé, mais il faudrait le conduire à travers ces pays qui sont fort étendus, avec beaucoup de frais et beaucoup d’embarras, avant qu’il pût arriver à un marché qui lui fût propre. Des bestiaux gras ne pourraient pas faire une aussi longue route ; on ne pourrait donc importer que des bestiaux maigres. Or, une pareille importation ne pourrait pas préjudicier à l’intérêt des pays qui nourrissent et engraissent du bétail, et leur serait même plutôt avantageuse, en réduisant le prix du bétail maigre, mais elle toucherait seulement aux intérêts des pays qui font des élèves[1]. Le petit nombre de bestiaux irlandais importés depuis la permission, joint au bon prix auquel le bétail maigre continue encore à se vendre, semblent des preuves convaincantes que la libre importation du bétail d’Irlande n’aurait vraisemblablement jamais aucun effet bien sensible sur le commerce même des pays de la Grande-Bretagne qui font des élèves. À la vérité, on dit qu’en Irlande les gens du peuple se sont quelquefois opposés par la violence à la sortie des bestiaux de leur pays ; mais si les exportateurs avaient trouvé de grands profits à continuer ce commerce, ayant déjà la loi pour eux, ils auraient bien su faire cesser cette opposition populaire.

D’ailleurs, les pays qui font commerce sur l’engrais des bestiaux doivent avoir déjà reçu un très-haut degré d’amélioration, tandis que ceux dont le commerce consiste à faire des élèves sont en général des pays incultes. Le haut prix du bétail maigre, en augmentant la valeur des terres incultes, est comme une sorte de gratification contre la culture. Un pays qui serait partout richement cultivé aurait plus d’avantage à importer son bétail maigre de l’étranger, que d’en élever chez soi. Aussi dit-on que c’est la maxime suivie aujourd’hui dans la province de Hollande. Il est vrai que les montagnes d’Écosse, celles du pays de Galles et du Northumberland sont des pays peu susceptibles d’amélioration, et que la nature semble avoir destinés à faire des élèves

  1. Pays qui commercent sur la multiplication seulement du troupeau, à la différence des pays d’herbages, dont le commerce consiste à engraisser le bétail maigre.