Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/546

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espèce, de se contenter d’une appréciation très-vague, et par conséquent, plus ou moins arbitraire. L’extrême inégalité et l’extrême incertitude d’un impôt aussi vaguement assis ne peuvent être compensées que par son extrême modération, en conséquence de laquelle chaque particulier se trouve taxé si fort au-dessous de son véritable revenu, qu’il ne s’inquiète guère que son voisin soit taxé de quelque chose encore plus bas.

Par l’impôt appelé, en Angleterre, la taxe foncière, ou a eu l’intention d’imposer les capitaux dans la même proportion que les terres. Quand la taxe sur les terres était à 4 schellings pour livre, ou au cinquième du revenu présumé, on a entendu que le capital serait imposé au cinquième de l’intérêt présumé ; lorsque la présente taxe foncière annuelle a été établie pour la première fois, le taux légal de l’intérêt était à 6 pour 100. En conséquence, chaque 100 livres de capital furent censées imposées à 24 schellings, la cinquième partie de 5 livres. Depuis que le taux légal de l’intérêt a été réduit à 6 pour 100, chaque 100 livres de capital sont censées être imposées seule­ment à 20 schellings. La somme d’impôt à lever par ce qu’on nomme la taxe foncière a été divisée entre les campagnes et les principales villes. La plus grosse partie de cette somme a été mise sur les campagnes ; et de celle qui a été mise sur les villes, la plus forte portion a été assise sur les maisons. Ce qui est resté à asseoir sur le capital ou commerce des villes (car on n’eut pas intention d’imposer le capital employé à la culture des terres) s’est trouvé fort au-dessous de la valeur réelle de ce capital ou de ce commerce. Ainsi, toutes les inégalités qui purent se rencontrer dans l’assiette primiti­ve ne donnèrent lieu à aucune plainte sensible. Chaque paroisse et district continue encore à être taxé pour ses terres, ses maisons et ses capitaux, selon l’assiette primitive ; et la prospérité presque universelle du pays, qui a extrêmement fait monter la valeur de toutes ces choses dans la plupart des endroits, a rendu ces inégalités d’une importance bien moindre aujourd’hui ; et puis, le contingent assigné à chaque district restant toujours le même, l’incertitude de cet impôt, en tant qu’il porte sur le capital du particulier, a été extrêmement diminuée, outre qu’elle est devenue d’une bien moindre conséquence. Si la majeure partie des terres d’Angleterre ne sont pas imposées à la taxe foncière pour la moitié de leur valeur actuelle, la majeure partie du capital de l’Angleterre est peut-être à peine imposée au cinquantième de sa valeur actuelle. Dans de certaines villes, la totalité de la taxe foncière est assise