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de perte. Pendant la grande refonte de la monnaie, sous le roi Guillaume, quand la Banque d’Angleterre jugea nécessaire de suspendre ses opérations accoutumées, les billets de l’Échiquier et les coupons[1] ont subi, à ce qu’on dit, de 25 à 60 pour 100 de perte ; ce qui provenait, en partie sans doute, du peu de solidité qu’on supposait dans le gouvernement établi par la révolution, mais en partie aussi de ce que ces effets n’étaient pas soutenus par la Banque.

Lorsque cette ressource a été épuisée, et qu’il est devenu nécessaire, pour faire de l’argent, de donner une assignation ou hypothèque sur quelque branche particulière du revenu public pour le payement de la dette, le gouvernement a fait ceci, en diverses occasions, de deux manières différentes. Quelquefois il a donné cette assignation ou hypothèque pour un court espace de temps seulement, pour une année ou quelques années, par exemple ; et quelquefois il l’a donnée à perpétuité. Dans le premier cas, le fonds assigné était censé suffisant pour payer, dans ce temps limité, l’intérêt et le principal de l’argent emprunté. Dans l’autre cas, il était censé suffisant pour payer l’intérêt seulement ou une annuité perpétuelle équivalant à l’intérêt, le gouvernement ayant la faculté de racheter en tout temps cette annuité en remboursant le principal emprunté. Quand on empruntait de la première manière, cela s’appelait emprunter par anticipation ; et de l’autre, emprunter en faisant fonds à perpétuité, ou tout simplement en faisant fonds[2].

Dans la Grande-Bretagne, la taxe foncière et celle sur la drêche[3] sont régulièrement anticipées tous les ans, en vertu d’une clause d’emprunt qui est insérée constamment dans les actes qui les imposent. Les sommes pour lesquelles ces taxes sont accordées sont, en général, avancées par la Banque d’Angleterre à un intérêt qui, depuis la révolution, a varié de 8 pour 100 à 3 pour 100, et elle reçoit son remboursement à mesure que le produit rentre successivement. S’il y a un déficit, ce qui arrive toujours, il y est pourvu dans ce qui est accordé pour les besoins de l’année suivante. La seule branche considérable du revenu pu-

  1. Voyez tome I, page 386, note 1.
  2. Du mot anglais to fund on a fait aussi en français fonder, c’est-à-dire le fonds destiné à servir une dette annuelle.
  3. La taxe annuelle ou ancienne taxe seulement : elle est votée pour 750,000 liv., et ne monte jamais à ce produit.