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vient que les fonds d’amortissement sont si ordinairement détournés de leur destination[1].

Dans la Grande-Bretagne, du moment que nous avons eu recours à l’expédient ruineux de faire des fonds perpétuels, la réduction de la dette publique, en temps de paix, n’a jamais gardé aucune espèce de proportion avec son accumulation en temps de guerre.

Ce fut dans la guerre qui commença en 1688, et qui fut terminée par le traité de Ryswick en 1697, que furent jetés les fondements de cette dette énorme qui pèse aujourd’hui sur la Grande-Bretagne. Au 31 décembre 1697, la dette publique de l’Angleterre, tant ce qui était fondé que ce qui était non fondé, se montait à 21,515,742 livres 13 sch. 8 d. 1/2. Une grande partie de cette dette avait été contractée sur des anticipations à court terme, et une partie sur des annuités viagères ; de manière qu’avant le 31 décembre 170 1, en moins de quatre années, il avait été amorti, tant par des remboursements que par les extinctions, une somme de 5,121,041 liv. 22 sch. 0 den. 3/4 den., la plus grande réduction qui ait jamais été faite depuis dans la dette publique en un espace de temps aussi court. Le restant de la dette se trouva donc n’être plus que de 16,394,701 liv. 1 sch. 7 den. 1/4.

Dans la guerre qui commença en 1702, et qui fut terminée par le traité d’Utrecht, la dette publique grossit encore davantage. Au 31 décembre 1714, elle se montait à 53,681,076 liv. 5 sch. 6 den 1/12. Les souscriptions qui furent faites des annuités à long et à court terme, dans les fonds de la compagnie de la mer du Sud, ajoutèrent au capital de la dette publique, de manière qu’au 31 décembre 1722 il s’élevait à 55,282,978 liv. 1 sch. 3 den. 5/6. La réduction de la dette commença en 1723, et elle alla si lentement qu’au 31 décembre 1739, pendant dix-sept années d’une profonde paix, la totalité des remboursements faits n’excéda pas 8,323,354 liv. 17 sch. 11 den. 3/12, le capital de la dette publique se montant, à cette époque, à 46,954,623 liv. 3 sch. 4 den. 7/12.

La guerre d’Espagne, qui commença en 1739, et la guerre de France, qui la suivit de près, portèrent la dette plus haut qu’elle n’avait encore été ; et, au 31 décembre 1748, après la guerre terminée par le traité

  1. Ces observations ne peuvent s’appliquer au fonds d’amortissement créé par M. Pitt en 1786 et 1792, qui a été religieusement respecté et fidèlement suivi, au milieu des besoins si impérieux et si multipliés de la guerre la plus dispendieuse que l’Angleterre ait jamais eu à soutenir. M. C.