Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/650

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sent été si on eût levé, dans le cours de l’année, un revenu suffisant pour défrayer la même dépense, dès lors le revenu privé des citoyens est nécessairement moins chargé et, par conséquent, on ôte beaucoup moins aux moyens qu’ils peuvent avoir d’épargner et d’accumuler en capital une partie de ce revenu. Si la méthode de créer des fonds détruit plus l’ancien capital que ne le fait la méthode de pourvoir aux dépenses publiques par un revenu levé à mesure dans le cours de l’année, d’un autre côté cette première méthode empêche moins que l’autre la formation ou l’acquisition de quelque nouveau capital. Avec le système de créer des fonds perpétuels, l’économie et l’industrie des particuliers peuvent réparer plus aisément les brèches que font de temps en temps au capital général de la société les dissipations et les profusions du gouvernement.

Ce n’est néanmoins que pendant la durée de la guerre que le système de créer des fonds perpétuels a cet avantage sur l’autre système. Si l’on pourvoyait toujours aux dépenses de la guerre avec un revenu qui se levât dans le cours de l’année, les impôts dont on tirerait ce revenu extraordinaire ne dureraient pas alors plus longtemps que la guerre elle-même. Si les moyens d’accumuler étaient moindres chez les particuliers tant que durerait la guerre, ils seraient aussi plus grands pendant la paix qu’ils ne l’auraient été avec le système des fonds perpétuels. La guerre n’aurait entraîné la destruction nécessaire d’aucun des anciens capitaux, et la paix aurait amené l’accumulation d’un nombre plus grand de nouveaux. Les guerres seraient, en général, plus promptement terminées, et on les entreprendrait avec moins de légèreté. Le peuple, sentant tout le poids du fardeau de la guerre pendant le temps qu’elle durerait, en deviendrait bientôt las, et le gouvernement ne se trouverait plus obligé, par condescendance pour ses fantaisies, de la continuer plus longtemps qu’il ne serait nécessaire. La perspective des charges lourdes et inévitables qu’amènerait la guerre empêcherait aussi le peuple de la vouloir trop légèrement, et à moins d’un intérêt réel et solide qui en valût la peine. Ainsi, ces périodes pendant lesquelles s’affaibliraient les moyens que les particuliers ont d’amasser des capitaux seraient à la fois plus rares et d’une plus courte durée. Celles, au contraire, où ces moyens auraient toute leur force, seraient beaucoup plus durables qu’elles ne peuvent l’être avec le système des fonds perpétuels.

D’ailleurs, quand la création des fonds perpétuels a fait un certain